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Mourir en silence ?

jeudi 1er décembre 2005

Une tendance lourde et inquiétante se dégage des données existantes et de notre expérience. Avec plus de 1 600 décés par an, on meurt toujours du sida en France. Si l’essentiel de la prise en charge des personnes vivant avec le VIH s’est tourné vers le contrôle de la charge virale et a permis de réduire la mortalité, aujourd’hui les décès concernent de plus en plus des personnes dont la charge virale est contrôlée.

Or, il n’y a pas forcément une augmentation de l’incidence de ces phénomènes. Bon nombre d’entre eux existaient déjà. Mais l’urgence des pathologies
directement liées au VIH et à la baisse du système immunitaire (CMV,
pneumocystose, etc.) ainsi que la mort prématurée des malades ont « masqué » ces problèmes. Ils ne sont donc pas nouveaux, ce sont leurs conséquences sur la vie, plus longue, des personnes vivant avec leur VIH qui les rendent aujourd’hui
dramatiquement sensibles.

Plusieurs leçons doivent être tirées. Cesser de dire que le sida est une maladie
chronique. Développer la vigilance de touTEs les malades et la prise en charge des problèmes qui surviennent alors même que le virus semble contrôlé. Alerter sur
l’explosion prochaine de la mortalité chez les personnes coinfectées avec une hépatite virale et exiger l’amélioration de la prise en charge des cirrhoses. Rappeler enfin à quel point nous avons besoin d’une prise en charge globale de tous ces
problèmes, et non d’une segmentation des soins à laquelle nous conduit la réforme de la Sécurité sociale et du régime de l’ALD.

Pour plus d’informations :
 on trouvera dans notre revue Protocoles [1]des analyses fondées sur les études dont nous disposons.

 Le 13 décembre 2005, Charlotte Lewden (Isped-Inserm-Unité 593) et Caroline Semaille (InVS) présentera lors de notre réunion hebdomadaire, les chiffres les plus récents sur la mortalité associée à l’infection à VIH (enquêtes mortalité 2000 & 2005 en particulier).