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Dominique de Villepin justifie l’injustifiable

mercredi 9 mars 2005

Lundi 7 mars, un jeune homme de 19 ans est atteint d’une balle au thorax lors d’une interpellation policière dans le quartier de la Goutte d’Or, à Paris. D’après l’agence AP : « Dominique de Villepin a estimé mardi que l’intervention des forces de police la veille au soir dans le quartier parisien de la Goutte d’Or était "parfaitement justifiée en raison de la présence d’une filière de crack" dans le secteur. »

Cette « fillière » est une réalité quotidienne depuis 20 ans dans les quartiers Nord de Paris : le Ministre de l’Intérieur ne la découvre-t-il qu’aujourd’hui ? Cette soudaine prise de conscience justifie-t-elle par avance, avant toute enquête, une bavure de ses services ? M. de Villepin est allé trop loin : sa totale absence de compassion pour cette nouvelle victime d’une logique sécuritaire aveugle est, elle, injustifiable.

Depuis 20 ans, La Goutte d’Or est un lieu de revente de drogues, de même que le sont les quartiers voisins de La Chapelle et de Stalingrad. Le trafic de drogues de toutes les grandes villes du monde s’est toujours installé dans les secteurs les plus populaires : là où l’urbanisme est dégradé, là où l’échec scolaire est élevé, là où les démissions collectives font le lit des désespoirs individuels.

Depuis 20 ans, la seule réponse de l’Etat est celle de la répression policière, de la violence et du délit de faciès. Les habitants de la Goutte d’Or, comme les usagers de drogue les plus précarisés qui y vivent, subissent cette violence tous les jours. Elle n’a jamais rien changé ! Elle n’a jamais diminué la consommation de crack, elle n’a jamais diminué le trafic, elle n’a jamais rassuré personne.

Depuis 20 ans, l’échec de l’Etat justifie les fautes de l’Etat.

Act Up-Paris exige :
 que Dominique de Villepin exprime ses regrets et présente ses excuses au jeune homme grievement blessé, à sa famille, à ce quartier tout entier ;
 que Dominique de Villepin arrête de penser que l’on traite un problème de société par une violence d’Etat ;
 que l’Etat engage enfin une réflexion sur une politique pragmatique de traitements des problèmes sanitaires et sociaux posés par les usagers de drogue en situation de grande exclusion en y associant les usagers de drogue et les habitants des quartiers plutôt qu’en leur tirant dessus à bout portant.