Accueil > Drogues & Usages > Too much is never enough

Too much is never enough

lundi 3 mars 2003

Comment réprimer encore plus, quand la législation est déjà ultra-répressive ? C’est le casse-tête que tente de résoudre Dominique Perben vis-à-vis des usagers de
drogues. Mission impossible ? Perben en a maté d’autres…

Comme le remarquait judicieusement la sociologue Anne Coppel, lors d’une rencontre de Stalingrad-Quartier Libre (un collectif d’habitants du 19ème arrondissement à Paris, qui réfléchissent aux problèmes de drogues dans le quartier), « la loi de sécurité intérieure proposée par Nicolas Sarkozy ne mentionne en aucun point un durcissement de la législation à l’encontre des toxicomanes ». Etonnant !? Anne Coppel continue : « Il n’est en fait pas possible de renforcer la répression envers les toxicomanes ; elle ne peut être plus répressive ». Les dealers peuvent être condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité, les consommateurs à de la prison ferme. La législation sur les stupéfiants est une législation d’exception, au même titre que la législation sur le terrorisme ou le proxénétisme.

A chaque nouveau gouvernement, nous avions droit à un arsenal répressif de plus sur la politique des drogues. Mais on ne peut en France condamner plus qu’à perpétuité. Alors notre nouveau gouvernement a trouvé le moyen de pallier à ce problème : pour garder un discours d’action contre les drogues, il a fallu créer de nouveaux moyens législatifs pour repérer les consommateurs. Ainsi la loi punissant la conduite sous l’emprise de substances stupéfiantes a été définitivement votée à l’Assemblée nationale. Le problème de cette loi réside dans le fait que la consommation dans tous lieux est déjà pénalisée.

Pourquoi créer une loi qui la pénalise spécialement lorsqu’on conduit ? Ne cherchez pas la réponse, elle est simple, cela s’appelle de la démagogie. Vous avez déjà vu cent fois ce mot dans Action ? Il faudra vous y faire, car il semble que ce soit l’un des principes de bases du fonctionnement du gouvernement Raffarin. Inutile de préciser que dans cette loi en particulier, aucune mention n’est faite de la conduite sous l’effet de certains médicaments psychotropes dont un certain nombre rentrent dans le cadre de la conduite avec facultés affaiblies. De plus il n’existe pas pour l’instant de corrélation généralisable entre caractéristiques de la consommation (doses absorbées, modes d’absorption) et état de conscience, donc dangerosité de la personne qui en a pris.

Encore plus de répression

D’ailleurs, Dominque Perben assume tout à fait le caractère démagogique de cette loi. Dans Libération du 9 octobre 2002, il reconnasait que « cette loi est un moyen de faire passer un message d’interdiction ». La démarche est claire : renforcer la répression et jouer l’autorité, en faisant croire à de la prévention. Ce nouvel arsenal sera bientôt complété par des contraventions punissant l’usage simple de drogues, dans le but officiel de ne plus incarcérer pour ce motif. Pourtant les circulaires actuelles en matière de drogues incitent déjà vivement les tribunaux à prononcer des peines d’amendes plutôt que de prison ferme ; mais la nouveauté serait alors que les contraventions promises ne seront plus de l’ordre de la Justice, mais du simple constat effectué par les forces de l’ordre.

Une fois de plus, il nous est proposé plus de répression pour tenter de diminuer la consommation. Mais les politiques répressives ont montré depuis plus de 100 ans que cela ne marche pas. Partout à travers le monde, les moyens répressifs et les différentes consommations augmentent en parallèle et en totale synergie. En revanche, on sait aujourd’hui que les politiques de réduction des risques liés aux drogues diminuent de façon effective les décès dus aux consommations de drogues ainsi que les taux d’incidence du VIH et la criminalité, et cela pour peu qu’on leur donne des moyens suffisants.