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Édito

mercredi 11 novembre 1998

Le numéro 22 d’Action = Vie a été l’occasion de rappeler qu’il existe une Charte « imposant » aux établissements de santé de considérer les personnes malades comme des citoyens à part entière. Il faut souligner cette fois à quel point les hôpitaux, à l’image du gouvernement actuel, jouent étrangement avec les textes, s’appuyant sur ceux-ci et sur les progrès sicentifiques pour tenter de dissimuler un véritable mouvement de recul en matière de « prise en compte sociale du patient », et tout particuièrement du malade du sida.

Nous avons déjà indiqué à quel point il était irresponsable de décider arbitrairement de la fermeture prochaine d’une telle majorité de lits sida alors qu’on voit déjà venir les effets secondaires des nouvelles thérapies. Mais que dire du service VACHON de Bichat qui refuse pyjama et couches à un patient qui n’en a pas amené.

Tentative de responsabilisation ? Que dire de Sainte-Marguerite de Marseille où il semble bien qu’on ait refusé d’habiller le corps d’un jeune homme mort du sida, envoyant celui-ci à l’incinération recouvert d’un simple drap, s’appuyant sur une loi qui, en fait, concerne l’embaumement ? Que dire de ces services hospitaliers divers qui recommencent à isoler des malades du sida. Respect de l’intimité ? Que dire de cette commission de recours pour les patients victimes de préjudice dans les établissements de santé, dont le texte a trainé des mois au Conseil d’Etat, et qui n’accorde qu’un faible pouvoir au plaignant ?

A la fois lépreux et guéri, le malade du sida se voit de plus en plus abandonné aujourd’hui aux tergiversations d’autorités publiques qui n’ont pas le courage d’avouer qu’elles ne veulent plus le prendre en charge.

A l’hôpital, beaucoup de médecins mènent hônnetement leur action médicale et ont compris le poids du facteur psychologique. Mais, pendant ce temps, rien n’est prêt, structurellement, pour appréhender le patient comme un être social, qui a droit à l’information, à la communication et à la considération. Bien au contraire, de plus en plus souvent, on ne lui demande qu’une chose : le silence.