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Nouvelle équipe municipale à Paris : un peu de bonne volonté, beaucoup d’amnésie

juin 2001

Le candidat Bertrand Delanoë disait, au cours d’une interview à Libération, le 2 décembre 2001 : « En matière de logement à Paris, la demande du monde associatif (sida) peut être évaluée à 600 appartements "classiques" et environ 100 logements thérapeutiques. C’est un objectif qui n’a rien d’insurmontable dans les deux premières années de la mandature ». Six mois plus tard, ces bonnes paroles sont oubliées. Le 11 mai 2001, l’élu PS adjoint au logement, Jean-Yves Manau, affirme aux associations de la Plate-forme interassociative pour le logement sida (PILS) lors d’une réunion : « La situation du logement est très compliquée et bloquée à Paris. Nous n’avons pas les moyens de vous garantir 600 appartements en 2 ans. Il faut nous laisser le temps de nous installer ».

Jean-Yves Manau commence la réunion en affirmant qu’il ne connaît pas grand chose aux problèmes du logement et du VIH. Pourquoi ne s’est-il pas renseigné auprès de B. Delanoë à qui nous avons envoyé plusieurs courriers sur ce sujet au cours de la campagne ? Manau poursuit en nous demandant d’être compréhensifs, la volonté politique de changer les choses est là, mais il y a des blocages inhérents à l’alternance politique, il va falloir attendre et ne pas réagir aussi violemment qu’Act Up a pu le faire. Il s’avoue choqué de la manière dont nous exprimons notre colère et notre impatience (apparemment, le zap contre la Mairie de Tibéri l’a traumatisé).

Nous parlons de plus de 1000 personnes, dans un état de santé très précaire, à la rue ou mal logés. Alors effectivement nous sommes impatients, et l’argument des blocages liés à la transition politique ne nous paraît pas valable.

Puis viennent les oublis des engagements électoraux :
 Les 600 appartements de droit commun ? Impossible.
 La mise en place d’une Allocation de Maintien dans les Lieux, destinée à couvrir les impayés de loyer ? A quoi bon une nouvelle allocation puisque le Fonds de Solidarité Logement (FSL) existe déjà ? nous répond Manau, oubliant que B. Delanoë lui-même avait pris acte des dysfonctionnements du FSL et promis un autre dispositif pour le compléter.

La nouvelle équipe municipale a donc attendu plus d’un mois pour nous recevoir, nous servir l’alibi de l’alternance politique, des problèmes de transition et solliciter notre patience. Ne soyons pas injustes : le dialogue avec les nouveaux élus est une perspective de travail. Jean-Yves Manau nous a donné des gages de sa bonne foi en promettant de répondre d’ici cet été aux 50 demandes d’appartements sociaux les plus urgentes que les associations de la PILS lui transmettront. A moyen terme, des réunions techniques seront organisées pour mettre en place un dispositif permettant la prise en compte du caractère prioritaire d’une attribution de logement en raison d’un handicap.

Mais cela reste totalement insuffisant. Et des solutions définitives de relogement pour tous les séropos précaires ne sont pas pour demain. On ressort donc, au mieux sceptiques, au pire très énervés de voir que les promesses électorales ont été oubliées, que le travail d’information sur la situation des précaires séropositifs doit être repris, travail que nous avons pourtant largement mené au cours de la campagne.

Manau comme Delanoë ne pourront pas se contenter de nous accorder quelques appartements et de nous assurer de leur bonne volonté. Mise à disposition de 600 appartements sociaux de droit commun, création d’une allocation de maintien dans les lieux. Ces engagements doivent être tenus, dès maintenant.