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L’Agence Nationale des Produits de Santé, par son inertie, retarde l’arrivée de nouvelles molécules en France

mercredi 2 juin 1999

Aujourd’hui, le 2 juin, 25 militants d’Act Up-Paris ont bloqué l’accès au bâtiment de l’Agence Nationale des Produits de Santé en s’enchainant aux portes d’entrée, empêchant ainsi le personnel de travailler.

Cette action a eu lieu quelques jours après une réunion des associations de lutte contre le sida avec l’Agence sur le thème des personnes en impasse thérapeutique.

Ils sont en effet entre 5 et 10 %, selon les chiffres fournis par plusieurs services hospitaliers, pour lesquelles la totalité des antirétroviraux actuellement disponibles sur le marché français sont parfaitement inefficaces : des intolérances violentes peuvent être en cause, mais aussi une mutation du virus, qui lui permet d’échapper aux traitements. Depuis le début de l’année, les associations de lutte contre le sida se sont efforcées d’intéresser l’Agence Nationale des Produits de Santé sur cette question qui concerne plusieurs milliers de personnes.

Car plusieurs nouvelles molécules, certaines profilées justement pour les personnes lourdement prétraitées, ont été mises au point par des laboratoires, principalement américains, et ont déjà fait l’objet d’études cliniques : l’Adefovir (Gilead), le PMPA (Gilead), le FTC (Triangle), le MKC442 (Triangle), l’ABT 378 (Abbott), le F-dda (US Bioscience), le Tipranavir (Pharmacia Upjohn), le T20 (Trimeris). Il s’agirait donc d’obtenir très rapidement, pour ces malades en échappement thérapeutique lourd, l’accès simultané à plusieurs de ces nouvelles molécules.

Si l’Agence Nationale des Produits de Santé reconnaît enfin, en la personne de son président Jean-Michel Alexandre, que les associations soulèvent " un vrai problème ", les réponses qu’elle apporte à celui-ci sont dérisoires. A la demande des associations de lutte contre le sida, l’Agence a en effet mené un semblant d’investigation auprès des laboratoires qui produisent ces nouvelles molécules. Les données glanées sont ridiculement incomplètes et partiellement fausses ; elles témoignent de la mauvaise volonté de l’Agence à cet égard, ou pire, de son incompétence. Elles indiquent surtout que le dispositif lent et conservateur d’Autorisation Temporaire d’Utilisation n’est plus adapté aux réalités nouvelles, celles des personnes en échappement thérapeutique lourd.
L’Agence des Produits de Santé doit remplir sa mission de santé publique.

Dans cet esprit, Act Up-Paris exige :
 que l’Agence prospecte de manière systématique en direction des traitements anti-VIH à venir (participation assidue aux congrès internationaux, dépouillement exhaustif de la littérature médicale, rencontre avec les laboratoires).
 que l’Agence, de concert avec Agence Nationale de Recherche sur le Sida, mette en oeuvre un nouveau dispositif d’accès compassionnel à ces molécules, plus rapide que le système d’ATU actuel et moins discrimatoire qu’un essai thérapeutique classique.
 que soit créée dans le cadre de l’Agence une cellule d’information qui prendra en charge la communication sur ces produits en direction des service hospitaliers.