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Act Up-Paris en procès : 200 pétitionnaires déclarent publiquement avoir consommé des stupéfiants

mardi 24 février 1998

Philippe Mangeot, président d’Act Up-Paris, comparaîtra demain mercredi à 13h30 devant la 16ème chambre du tribunal de grande instance : l’Etat l’incrimine au titre de l’article L.630 de la loi du 31 décembre 1970 pour "présentation sous un jour favorable de produits stupéfiants."

Il est reproché à Philippe Mangeot d’avoir distribué un tract intitulé " j’aime l’ecstasy " lors d’une manifestation contre la fermeture de cinq boîtes de nuit en septembre dernier.
Il s’agit là d’un procès politique. L’article L.630 est un arme dont se sert l’Etat pour faire taire les opposants à la prohibition des drogues. Outre Act Up, ASUD (Auto-support des usagers de drogues) et le CIRC (Collectif d’information et de recherches cannabiques) sont poursuivis en ce moment.
C’est pourquoi Act Up-Paris a lancé une pétition qui a recueilli jusqu’à présent 200 signatures. Comme les 343 "salopes" qui avaient déclaré publiquement avoir avorté, des artistes (André Téchiné, Patrice Chéreau, Marina Vlady, Annette Messager, Noir Désir...) des journalistes (Gérard Lefort, Didier Eribon, Elisabeth Lebovici...), des universitaires (Etienne Balibar, Yann Moulier-Boutang, Anne Coppel...), des médecins (Léon Schwartzenberg, Rony Braumann...), des responsables politiques (Daniel Cohn-Bendit, Alain Lipietz...), des responsables associatifs (Fabrice Olivet d’ASUD, Alain Danand de Sol en Si, Jean-Pierre Alaux du Gisti...) ont décidé d’assumer publiquement des pratiques illégales : "à un moment ou à un autre de ma vie, j’ai consommé des produits stupéfiants. Je sais qu’en admettant publiquement être un usager de drogues, je peux être inculpé. Ce risque, je le prends".
Au-delà de l’innocence de l’accusé, au-delà du droit à la libre expression, c’est bien la législation en matière de stupéfiants qui est en cause. De plus en plus de personnes, qu’elles soient responsables politiques, médecins, intervenants en toxicomanie, travailleurs sociaux, militants associatifs, usagers de drogues ou non, s’accordent sur un point : la politique du tout-répressif est un échec total de santé publique ; la loi de 1970 doit être profondément révisée et l’article L.630 doit être abrogé. C’est ce procès là qu’il faut faire demain.
Rendez-vous à la 16ème chambre correctionnelle du TGI,
mercredi 25 février, 13h30, Palais de justice de Paris (M° Cité).

voir également l’édito d’Action