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10 000 personnes meurent du sida chaque jour, Lionel Jospin refuse toujours de mettre un terme à cette hécatombe

mercredi 10 avril 2002

Aujourd’hui, mardi 8 avril 2002, des militants d’Act Up-Paris ont une nouvelle fois interpellé Lionel Jospin lors de son déplacement à Grand-Quevilly en Seine-Maritime. Alors que cette interpellation était pacifique, les membres d’Act Up-Paris ont été violemment évacués par le service d’ordre du candidat Jospin.

Depuis près de cinq ans, les responsables politiques français ont un discours sans ambiguïté sur la nécessité de donner accès aux médicaments contre le sida dans les pays en développement. La lutte contre le sida dans ces pays tient d’ailleurs actuellement une place importante dans le programme de campagne de Lionel Jospin sous la rubrique « Refuser le sous développement et la dégradation de la planète ».

Dans les faits, pourtant, la politique française reste en totale contradiction avec ces discours.

En 1997, la France lançait le FSTI (Fonds de Solidarité Thérapeutique International) destiné à permettre l’accès aux antirétroviraux dans les pays en développement. Avec quelques 6 millions d’euros en 4 ans, la France s’est pourtant montré incapable de mobiliser la participation d’autres financeurs et n’a soutenu la mise en place que d’un nombre insignifiant de programmes d’accès (5 dont 2 seulement concernent l’accès aux antirétroviraux à proprement parler). Au Bénin, les 8 millions de francs promis par le FSTI en avril 2001 n’ont toujours pas été débloqués par le Ministère des Affaires Etrangères, et des dizaines de malades à qui l’on avait annoncé il y a quelques mois qu’ils seraient sauvés sont maintenant décédés. Aujourd’hui, avec le nouveau programme « Elan de solidarité thérapeutique hospitalière en Réseau » (ESTHER) lancé par la France, il est clair que le Bénin ne recevra jamais la totalité des financements promis. De même, dans plusieurs autres pays le lancement du nouveau partenariat permet de passer sous silence les ardoises laissées par la France. Ceci n’empêche pourtant pas les responsables français de continuer à proclamer leur générosité et l’attitude exemplaire que tiendrait la France au niveau international.

Sur les 36 millions de personnes atteintes par le sida vivant dans des pays pauvres, environ 10 millions de personnes sont dans un état de santé qui nécessite une mise sous trithérapie immédiate. Actuellement, faute de moyens, seuls 200 000 malades sont sous antirétroviraux dans ces pays, alors qu’il est désormais techniquement possible d’accroître massivement le nombre des personnes traitées.

Les besoins actuels se chiffrent à environ 12 milliards d’euros par an pour financer l’achat des traitements, le renforcement des structures de prise en charge et les initiatives d’ores et déjà opérationnelles.

Compte tenu des moyens à disposition de l’État français, sa contribution à la lutte contre l’épidémie et pour l’accès aux traitements dans les pays pauvres ne saurait être inférieure à 1 milliard d’euros par an, sauf à reconnaître l’hypocrisie de ses engagements et le maintien de politiques criminelles et racistes à l’égard des populations de ces pays.

Noël Mamère, candidat des Verts à l’élection présidentielle, a reconnu la nécessité de cet engagement.

Devant ses électeurs, Lionel Jospin devra faire un choix : condamner à mort des millions de personnes à mort et porter publiquement la responsabilité de sa complicité à une catastrophe sanitaire sans précédent, ou intervenir décemment, ENFIN.

A plusieurs reprises Lionel Jospin a été interpellé par Act Up-Paris sans que celui-ci ne daigne répondre. Chaque jour 10 000 personnes meurent du sida. A combien, Lionel Jospin, estime-t-il le prix de la vie d’un malade du sida africain ?