Accueil > International > Chaiya Sasomsap ne doit pas reculer face au lobby pharmaceutique

Chaiya Sasomsap ne doit pas reculer face au lobby pharmaceutique

jeudi 14 février 2008

Depuis janvier 2008, la Thaïlande a un nouveau ministre de la Santé : M. Chaiya Sasomsap, qui sous la pression des firmes pharmaceutiques, a annoncé son intention de revenir sur les licences obligatoires émises par le précédent gouvernement.

M. Chaiya Sasomsap a indiqué le 11 février 2008 qu’il envisage de revenir immédiatement sur la politique d’accès aux médicaments génériques instituée par la Thaïlande l’année dernière. Sous pression du lobby pharmaceutique, le nouveau gouvernement thaïlandais a décidé de réexaminer les décisions prises il y a quelques semaines par le précédent ministre de la Santé en matière de licences obligatoires - une disposition prévue par les règles de l’OMC pour permettre le recours à des génériques avant la fin du brevet.

Or, l’accès aux génériques reste l’unique moyen de baisser les prix des médicaments à un niveau suffisamment bas pour que touTEs les malades thaïlandaisES puissent y avoir accès. Ceci vaut pour les médicaments anticancéreux concernés par les récentes licences obligatoires, comme pour l’ensemble des médicaments coûteux et qui pour cette raison restent hors de portée des malades. Entre les intérêts des multinationales pharmaceutiques et les intérêts des malades pauvres, M. Chaiya Sasomsap doit aujourd’hui choisir son camp.

La Thaïlande a fait la démonstration de l’efficacité de l’usage de génériques dans le cadre de son programme de lutte contre le sida. En l’absence de traitements, le sida reste une maladie mortelle. Or, la Thaïlande est le pays d’Asie qui connaît le plus fort taux de prévalence du VIH : entre 500 000 et 1 million de séropositifVEs. Mais les trithérapies anti-VIH fournies par les laboratoires de marque restent hors de prix : 8 000 à 13 000 euros par personne et par an au prix occidental, alors que la Thaïlande reste un pays pauvre (PIB/hab. de 4 000 euros, soit 5 fois moins que la France). L’accès universel au traitement VIH pour tous les malades du sida en Thaïlande est pourtant possible : les versions génériques sont disponibles pour 70 euros par personne et par an (soit 100 fois mois cher que les versions occidentales).

M. Chaiya Sasomsap doit poursuivre la voie initiée en 2007 par son prédécesseur, et ne pas hésiter à utiliser les licences obligatoires chaque fois que cela est nécessaire pour permettre l’accès aux médicaments.

En 2001, lors de la conférence de Doha, l’ensemble des pays membres de l’OMC ont confirmé le droit à utiliser les licences obligatoires pour assurer l’accès aux médicaments pour touTEs. La Thaïlande n’a fait qu’exercer ce droit. Elle ne doit pas céder sous la pression du lobby pharmaceutique et de ses soutiens.