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Dossier Porno et sida

Des studios Replay à Pink TV un relapse qui n’en finit pas de se généraliser

vendredi 23 juin 2006

Les tout premiers films bareback français de la décennie 2000 sont à attribuer aux studios Replay, qui en proposent, dès 2001, plus ou moins sous le manteau, sous forme de vente par correspondance. Aujourd’hui c’est Pink TV qui diffuse des films X datant d’avant l’épidémie avec des acteurs morts du sida depuis. Triste histoire.

Les brochures étaient envoyées à une liste de clients et aucune publicité n’était réalisée au niveau communautaire. Le texte des brochures est explicite : « dans son nouveau film, le studio Replay ne propose plus de solos, seulement des scènes de baise prises sur le vif où une salope suce et se fait tirer par des racailles hétéros. La salope avale le foutre et se fait niquer sans capote... ». Les studios Replay n’ont aucune existence juridique. Il s’agit d’une production-vitrine dont on n’arrive jamais à retrouver les coordonnées ni les données commerciales. Et pour cause : il n’y en a pas. Les personnes qui sont derrière souhaitent se protéger et ne pas apparaître en premier plan. Et qui se cache derrière les studios Replay ? Les films Lagrange, aujourd’hui décomplexé, vend en son propre nom du sans capote. Il en va de même pour le label Tiger prod : c’est la société New Deal, domiciliée à Bordeaux, qui en tire les ficelles. Des scènes sont tournées au Maghreb sans capote et sont ensuite récupérées par New Deal qui les maquette et les grave sur support DVD. La jaquette est estampillée « 100 % bareback » sous le label Tiger prod, une société inexistante juridiquement.

A l’heure actuelle, le marché du bareback gay n’est plus confidentiel. Il représente environ un tiers des ventes d’IEM (l’un des principaux vendeurs de porno gay), et est omniprésent sur Internet. Il devient légion sur le marché américain, où des productions bareback sont rapidement apparues, comme HDK (Hung Hotel, Making Gay Porn), SX Video (Cum eating with Allan Gregory, Locker Room Eater) ou Bareback Blue Picture, productions dont les titres sont d’ailleurs en vente sur le site d’In’exes, la société de diffusion de New Deal Production (qui est la maison mère). Même Pink TV, censée avoir un minimum de responsabilité vis-à-vis de la communauté LGBT décimée par l’épidémie de sida, a déjà diffusé trois films tournés sans capotes, sous le prétexte du vintage (films d’époque, datant des années pré-sida) : Giant splash shots, Jet striker classic et The other side of Aspen. A noter que Giant splash shots, des studios Falcon, date de 1987, soit après l’identification du virus du sida en tant qu’infec-tion sexuellement transmis-sible et la recommandation officielle du port du préser-vatif pour s’en prémunir.

« Vintage » signifie « d’époque » et donne un caractère historico-artistique au film. Comme si nous allions croire que l’aspect artistique et culturel de la rediffusion de films anciens, avec certes des acteurs aux cheveux longs, constituait le motif principal du choix de leur programmation. On sait que c’est en fait la réponse toute commerciale qui est faite à la forte demande pour un contenu porno sans capotes, que les films aient été réalisés hier ou il y a dix ans. Ainsi que le précise Ludovic Pelletier, gérant de la production Blue4x et de son site afférant, www.menoboy.com/ « un film gay avec les mêmes décors, le même scénario et les mêmes acteurs mais tourné sans capotes se vend quatre fois plus qu’une fiction avec préservatifs ». Et Richard Phal, PDG de Concorde Films, d’ajouter : « si [le sans-capote] est spécifié sur la couverture du DVD par exemple, les ventes augmentent de 30 % ». Voilà donc pourquoi, MM. Pelletier, Phal et Lagrange se sont penchés sur le bareback, avec une morale plutôt consternante.