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incarcération des personnes malades : les juges sont aussi responsables

vendredi 8 février 2002

Aujourd’hui, vendredi 8 février, une vingtaine de militants d’Act Up-Paris ont déployé une banderole « PRISON=MORT » et se sont enchaînés aux grilles du Palais de Justice de Paris. Cette action a pour but de dénoncer le sort des personnes incarcérées et plus particulièrement des personnes atteintes de pathologies graves.

En manifestant devant le Palais de Justice, nous exigeons de l’ensemble des juges, acteurs de la politique pénitentiaire, qu’ils arrêtent d’incarcérer et de maintenir en détention les personnes séropositives ou atteintes de pathologies graves. Les condamner à de la prison revient à les condamner à mort.

La prison est un endroit pathogène. L’administration pénitentiaire le reconnaît elle-même : on sort de prison plus malade qu’on y est entré, et lorsqu’on y entre malade, on en sort trop souvent mort. Les conditions d’hygiène, d’alimentation, d’accès aux soins ne doivent plus générer cet état de fait. Le droit à la santé qui implique un accès au traitement et aux soins sans délai, le respect du secret médical et l’application de la législation en vigueur, doivent être réellement mis en œuvre. En condamnant ces personnes à une privation de liberté, les juges les condamnent aussi à une privation de soins, de dignité physique et morale, de vie affective et familiale. Malgré la connaissance par tous des conditions de détention, ils sont de fait condamnés aux viols, au racket , à une multitude d’agressions …

Les décisions lentes et timides des juges d’application des peines contribuent à la pérennité de ce système meurtrier : le traitement des demandes de suspension de peine pour maladie, de transfert (pour raisons familiales ou autres), l’examen des demandes de liberté provisoire ou conditionnelle, les permissions de sortie, se font toujours dans des délais inadmissibles et au mépris des personnes incarcérées. Les alternatives à l’incarcération doivent être une priorité. Mettre une personne en détention, c’est avouer l’échec du tout répressif. La logique de soins s’arrête là où la logique pénitentiaire du tout sécuritaire commence.

Les juges savent toujours se faire entendre pour dénoncer les lois qui les concernent, telle que celle relative à la présomption d’innocence. Mais cela ne les empêche pas d’incarcérer des personnes qui n’ont rien à faire en prison…

Les juges doivent assumer leurs décisions. Les irresponsabilités des dirigeants politiques notamment des ministres de la justice et de la santé, ainsi que des parlementaires ne doivent pas être cautionnées par des juges qui connaissent également les conditions de vie en détention.

Act Up-Paris exige :
 la libération et la non incarcération des personnes atteintes de pathologies graves ;
 la libération et la non incarcération des sans papiers et des usagers de drogues ;
 l’accès aux soins, aux médicaments et aux examens médicaux de même qualité et dans les mêmes délais qu’en dehors de la détention ;
 un plan d’urgence sur la prévention et le traitement du VIH et des hépatites ;
 une réforme immédiate des grâces médicales.