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Tamiflu générique : plus le temps de « discuter ». Roche doit agir.

samedi 22 octobre 2005

Act Up et le Réseau Burkinabé pour l’Accès aux Médicaments Essentiels [1] appellent Roche à débloquer la production générique pour l’Afrique.

Le PDG mondial de Roche a déclaré hier dans une interview à Reuters que « Roche est prêt à discuter de licences volontaires avec n’importe qui capable de fabriquer le Tamiflu. » Pour les pays Africains, qui n’ont pas pu faire de stocks de Tamiflu, qui voient déjà les oiseaux migrateurs arriver des régions contaminées et qui connaissent les plus hautes prévalences à VIH, il n’y a plus le temps de « discuter » : Roche doit immédiatement autoriser et faciliter le lancement sans conditions d’une production générique du Tamiflu.

Les malades du sida particulièrement vulnérables face à la grippe aviaire :
 les malades du sida, avec les personnes agées et les enfants de moins d’un an, sont les personnes qui courent le plus haut risque de complications mortelles liées à la grippe aviaire, principalement des surinfections pulmonaires [2] ; en France l’Etat recommande un accès prioritaire au Tamiflu pour les malades du sida, mais que va t-il arriver aux millions de malades qui vivent en Afrique ?
 le continent africain va vraisemblablement être touché par l’épizootie aviaire avant l’Europe, dans la mesure où, en hiver, les oiseaux migrateurs quittent le Nord pour le Sud ;
 déjà sans la grippe aviaire, l’Afrique est la région du monde où la mortalité par maladie pulmonaire est la plus élevée du monde ; de plus, 30 millions d’Africains vivent avec le VIH.
 il va falloir entre 4 et 15 mois, selon que Roche garde ou non ses méthodes de fabrique secrètes, pour lancer une production générique de Tamiflu, d’après les experts pharmaceutiques de l’European Generics Association [3]

Face à la perspective d’une pandémie, Roche n’a pas à dicter ses conditions :
 Roche n’a pas financé la découverte du Tamiflu : le laboratoire suisse s’est contenté d’en acheter les droits à la start-up Gilead, pour moins de 50 millions de dollars en 1996 ; aujourd’hui le montant cumulé des commandes dépasse le milliard de dollars : l’investissement de départ de Roche a déjà été largement rentabilisé.
 Roche affirme être prêt à concéder des licences volontaires à d’autres fabricants, mais refuse de préciser ses intentions : opacité quant aux critères d’attribution des licences, au montant des royalties exigées, à la libre concurrence sur les prix versus un prix unique élevé, ainsi qu’au délai et à la transparence des soi-disant « discussions ».
 Dans le cas des médicaments anti-VIH, Roche a jusqu’ici systématiquement bloqué les tentatives visant à lancer une production générique, et a, au final, toujours refusé d’octroyer la moindre licence volontaire, notamment au gouvernement brésilien [4]

Compte tenu de l’opacité de la proposition de Roche sur les licences volontaires, il n’est pas possible de prendre au sérieux la volonté de ce laboratoire de faciliter le lancement d’une production générique de Tamiflu répondant à l’urgence (délais) et aux besoins (bas prix, concurrence entre fabricants).

Dans ces conditions, et au regard d’une part des incroyables bénéfices déjà réalisés par Roche sur le Tamiflu, et d’autre part de l’immense vulnérabilité de l’Afrique face au risque de la grippe aviaire, il est inacceptable que Roche puisse dicter ses conditions et ainsi ralentir le lancement d’une production générique massive de Tamiflu pour les pays pauvres.

L’Afrique n’a pas le temps d’attendre que Roche ait terminé de « discuter ».

Act Up-Paris et le RAME exigent que Roche :
 abandonne immédiatement tous ses droits exclusifs sur le Tamiflu dans les pays en développement.
 donne aux fabricants de génériques accès à tous ses secrets de fabrication et d’assurance de qualité concernant le Tamiflu.
 Mette tout en œuvre maintenant pour faciliter le lancement le plus rapide possible d’une production générique massive de Tamiflu, en particulier pour l’Afrique.


[1Réseau pour l’Accès Médicaments Essentiels, Ouagadougou, Burkina Faso, www.rame-bf.org. Le RAME est membre du Panafrican AIDS Treatment Access Movementappellent Roche à débloquer la production générique pour l’Afrique.

[2Colds and Influenza (the Flu), a report by the Well Connected Project of Harvard Medical School, www.reutershealth.com/wellconnected...

[3Directeur : Greg Perry, télephone : +32.2.736.8411

[4« Brazil to Break Roche’s Patent on AIDS Medication », Wall Street Journal, 23 août 2001 ; « Roche Reaches Accord on Drug with Brazil », New York Times, 9 septembre 2001.