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Toxicomanie : nouvelle expulsion, nouvel échec

mardi 16 novembre 2004

Des usagerEs de drogues ont été expulséEs ce matin d’un bâtiment abandonné de la SNCF dans le 18ème arrondissement. Ce site dangereux et insalubre avait été investi le 8 septembre dernier, au lendemain de l’évacuation d’un précédent squat distant de quelques centaines de mètres. Act Up-Paris avait alors dénoncé l’inanité d’une expulsion dénuée de perspectives pour cette population en errance rejetée de toute part et pour laquelle le dispositif sociosanitaire français demeure radicalement défaillant. Ce nouvel échec prend une dimension dramatique avec l’arrivée de l’hiver.

Nous sommes le 16 novembre, Météo France annonce des températures négatives pour la fin de la semaine. Plus de quinze jours après le début de la « trêve hivernale », les hommes et les femmes expulsées aujourd’hui ne semblent pas dignes d’en bénéficier ; certainEs sont pourtant blesséEs ou malades et notamment atteintEs de pathologies graves (sida, hépatites, tuberculose). Ils et elles vont retourner dans la rue avant d’investir de nouveaux lieux, aussi sordides et isolés, ou de trouver refuge dans les caves des immeubles les plus dégradés. Le cycle continue.

Depuis plus d’un mois, pourtant, l’ensemble des intervenants de terrain ainsi que des associations de riverains et des groupes d’auto-support ont tout fait pour mettre en garde les services de l’Etat et les élus locaux sur une telle issue. Par la redondance de ces expulsions, l’intervention des pouvoirs publics accentue activement l’exclusion sanitaire et sociale subie par cette population depuis des années.

Certains responsables politiques (de Daniel Vaillant pour la mairie du 18ème à Didier Jayle pour la MILDT et le gouvernement) se sont associés publiquement à ce constat et à la recherche de solutions humainement acceptables. Parmi celles-ci, l’installation temporaire d’un dispositif d’accueil d’urgence a été envisagée par tous comme susceptible de répondre aux besoins de première nécessité de ce groupe particulier d’usagerEs de drogues tout en permettant de mieux appréhender sa réalité et de recréer un lien avec lui.

Ce projet n’a pas abouti parce qu’il n’a pas été possible de trouver un terrain pour installer ce dispositif qui faisait pourtant l’unanimité. Au-delà du constat partagé et des intentions déclarées, le processus a donc achoppé sur des considérations territoriales souvent pernicieuses qui ont permis aux départements concernés (Paris et la Seine-Saint-Denis) de se renvoyer mutuellement la responsabilité de cette nouvelle impasse.

Pour dépasser ce jeu et trouver de vraies solutions, Act Up-Paris exige de la MILDT et du gouvernement :
 que le caractère d’urgence autour de cette situation soit maintenu au-delà de l’évacuation et ce jusqu’à la mise en œuvre concrète d’un dispositif pour accueillir ces usagerEs ;
 que le processus entamé entre les associations, les élus et les services de l’Etat soit élargi aux usagerEs concernéEs, développé à un niveau tant opérationnel que politique et porté à une échelle régionale ;
 que soit donnée une impulsion à ce processus par une reconnaissance claires des angles morts du dispositif toxicomanie français et de la nécessité de relancer l’innovation dans ses modes d’intervention.