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Trans : la CNAM nous préfère mortEs

jeudi 20 novembre 2003

Aujourd’hui, à l’occasion de la journée internationale du souvenir des transgenres victimes d’actes transphobes, une vingtaine de militants d’Act Up-Paris ont mené une action contre le Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), pour protester contre les discriminations que la Caisse fait peser sur les transsexuelLEs et les transgenres.

La CNAM vient en effet, par le biais de menaces, chantages et pressions, d’interdire aux chirurgiens d’opérer les trans, en dehors des équipes auto-proclamées "spécialistes" de la question. Cette décision vient s’ajouter au manque de transparence dans l’attribution du E112. Ce formulaire, suivant la convention européenne, permet à tout individu de bénéficier d’une prise en charge en Europe pour des soins inexistants en France ou de mauvaise qualité ; ce qui est le cas en ce qui concerne la chirurgie de réassignation, encore trop aléatoire dans sa réussite esthétique et surtout dans sa fonctionnalité technique et sensible.

En nous condamnant à la non-liberté du choix de notre praticien (psych -iatre/-ologue/-analyste, endocrinologue, chirurgien), la CNAM est dans l’illégalité. En nous soumettant de force ces équipes auto-proclamées spécialistes de la question trans, pourtant transphobes et incompétentes sur ces questions ; elle nous expose non seulement à une psychiatrisation sous contrainte (le transsexualisme est encore inclus dans le DSM IV !), mais aussi à une ultra-pathologisation de la question trans par un protocole qui va en tout point à l’encontre des standards de soin.

L’incohérence de ce protocole ne conduit qu’à l’idée d’une forme de transsexualité élite hétéronormée qui exclut d’emblée 85% des personnes transsexuelles et d’emblée les transgenres. En effet, il varie d’une équipe à l’autre et les critères et le quota de "sélection" sont arbitraires. Pour bénéficier d’un parcours hormono-chirurgical, il faut avoir sur Paris plus de 23 ans, plus de 25 sur Lyon, avoir un casier judiciaire vierge, n’être ni mariéE, ni parent, ni séropo, ni prostituéE, ni être homosexuelLE dans le nouveau genre, et faire partie des 15% de "candidats trans" sélectionnéEs et prévuES pour l’année.Ce protocole implique de plus une castration systématique avant tout changement d’état-civil, qui ne peut être accrédité dans certaines régions qu’après expertise ; expertise qui constitue un véritable viol physique, moral et psychologique. De fait, les trans séropositiVFEs, les transgenres et les trans non sélectionnéEs, excluEs du protocole ne peuvent bénéficier des opérations et par conséquent du changement d’état-civil, et sont contraintES ainsi à la clandestinité, la marginalisation, l’exclusion sociale, l’auto-médication, l’auto-mutilation, le suicide. C’est ce processus que nous entendons dénoncer aujourd’hui.

Act Up-Paris exige :
 Une dépsychiatrisation de la question trans
 Un accès à des soins médicaux de qualité
 Un libre choix de nos praticiens
 Un numéro de sécurité sociale correspondant au sexe social et non au sexe d’assignation