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communiqué de presse

sida en afrique : la Banque Mondiale se met en retrait

mardi 30 décembre 1997

Alors que la conférence d’Abidjan sur le sida et les MST en Afrique a enfin permis d’ouvrir le débat sur la prise en charge des malades, la réaction des bailleurs de fonds les plus attendus s’est avérée parfaitement inadéquate.

Au mépris de la gravité de la situation, la Banque mondiale a affiché sa volonté de rester en marge du débat sur l’accès aux soins et de toujours concentrer ses investissements sur la prévention.

Les experts de la Banque mondiale sont bien les seuls à n’avoir pas tiré leçon de l’échec retentissant des dix dernières années de campagnes de prévention. Il est clair pour tous qu’on ne peut espérer de prévention efficace en l’absence de perspectives d’accès aux soins. Tant que les malades resteront invisibles, hors de tout circuit de santé, les discours de prévention seront globalement inefficaces. Nul aujourd’hui ne peut prétendre l’ignorer : « l’accès difficile aux soins sur le continent noir joue un rôle majeur dans la propagation du virus » (Peter Piot, directeur d’ONUSIDA).

Les représentants de la Banque mondiale sont allés jusqu’à se montrer hostiles à la création d’un fond international de solidarité thérapeutique, déclarant qu’ « un surcroît de dépenses engagées sur le sida nuirait aux malades souffrant d’autres affections », et que « donner l’accès aux malades africains aux mêmes traitements qu’en Occident nuirait à l’équité »

« Traiter ce qui est traitable et prévenir ce qui peut l’être », voilà toute l’ambition de Mead Over, quand, d’urgence, tous les moyens doivent être mis en uvre pour initier une restructuration et une rationalisation des systèmes sanitaires, pour développer l’accès aux soins primaires et aux traitement des maladies opportunistes, en même temps que peut être entrepris une dispensiation contrôlée des antirétroviraux.
Les experts de la Banque mondiale prétendent craindre les « expériences trop rapides et hasardeuses » ? il ne tient qu’à eux de s’assurer que ces projets soient réalisés dans les meilleures conditions. La Banque mondiale ne peut se soustraire au rôle essentiel qu’elle doit jouer.

Act Up-Paris n’hésitera pas à dénoncer toute initiative dangereuse ou insuffisamment maîtrisée ; de même nous ne manquerons pas de rappeler aux bailleurs internationaux leurs responsabilités. Au regard des sommes qui ont pu être engagées sans résultat, il serait indécent que les plus importants bailleurs refusent de s’investir dans la prise en charge médicale des malades africains et se contentent de laisser pourrir la situation.