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communiqué de presse

Abbott n’a pas de temps à perdre avec les malades

lundi 1er octobre 2001

Du fait des insuffisances de la pharmacovigilance dans le cadre VIH, des essais de phase 4 s’avèrent nécessaires. Ostéoporose, ostéonécrose, problèmes cardio-vasculaires, pancréatite aiguë, lipoatrophie, lipodystrophies, troubles du système nerveux central, dépression, neuropathies périphériques, perte de cheveux, perte de la libido, impotence, fatigue, macrocytose, diarrhée, nausée, calculs rénaux, ongles incarnés, rash, hépatite fulminante, problèmes dermatologiques constituent le quotidien des malades. A cet effet, depuis trois ans, nous avons adressé de nombreux courriers aux laboratoires pharmaceutiques, le dernier en date du 8 juin.

Certains laboratoires ont entendu nos revendications, comme GlaxoSmithKline, qui nous affirme que « l’évaluation permanente de la tolérance de nos médicaments est une de nos missions essentielles », et propose une réunion avec les associations de malades pour en envisager les modalités. Mais du côté d’Abbott : silence, puis mépris. En effet, lors d’une conversation téléphonique à notre initiative, Jean-Pierre Chauvin, cadre supérieur du laboratoire Abbott, responsable des essais cliniques, nous a affirmé : « Je n’ai pas de temps à perdre avec vous. Et de toute façons les essais de phase 4 ne sont pas de la seule responsabilité des laboratoires. » Il estime, par ailleurs, avoir déjà mené ce type d’essai. Se réfère-t-il au très prochain Plato, étude grotesque qui se déroulera sur une durée, parfaitement insuffisante pour l’évaluation de la tolérance, de huit semaines ? Se réfère-t-il à Kaléobs, étude montée par le service marketing d’Abbott, contrevenant à la loi Hurriez pour la protection des malades dans le cadre de la recherche clinique, et que l’Affsaps a épinglée à ce titre ? La seule finalité de cette étude, aux yeux du TRT-5, est une incitation à la prescription du Kalétra®, nouvelle antiprotéase d’Abbott.

Plutôt que mettre en œuvre de réels essais cliniques dont ils auraient la charge financière, Abbott préfère en effet mener des études financées indirectement par la Sécurité Sociale. Le principe d’une étude clinique consiste dans le recueil auprès des prescripteurs de certaines données de tolérance, sans qu’aucune autorité extérieure ait avalisé la validité, la nécessité, et la rigueur de cette étude. Si, par le passé, ces études, manipulées avec prudence et éthique, se sont avérées opportunes pour l’amélioration de la prise en charge thérapeutique, il semble bien que pour Abbott, elles soient totalement inféodées à une stratégie de marketing. Elles ne peuvent donc en aucun cas constituer une étude phase 4, et leur financement indirect par la Sécurité Sociale est une insulte au malades qui souffrent au quotidien d’une intolérance à leurs traitements.

 Nous attendons donc de l’Affsaps et de la DGS qu’elles se prononcent sur la position d’Abbott concernant les essais de phase 4.
 Nous exigeons que le laboratoire Abbott soit déchu de l’exploitation de toutes données émanant d’une étude financée indirectement par la Sécurité Sociale.
 Nous exigeons que ces études, essentielles, soient exploitées par des agences médicales indépendantes, qui, elles, ont du « temps à perdre » pour les malades.