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Affaire Drugwipe

mars 1999

Dans la lettre N°11 du mois de décembre 1998 du Syndicat National des Entreprises Gaies, nous avons lu avec consternation et affolement ces propos : " Un couple de dealers soupçonnés de trafic d’ecstasy ont été interpellés à Paris. Ils ont reconnu alimenter depuis plusieurs mois quelques noctambules branchés de la capitale, dans des discothèques, dont certaines avaient été fermées l’année dernière... Une raison de plus pour rester vigilant et pour penser à Drugwipe ! " Sur la page d’à coté, un dessin en couleur du "Drugwipe", reconnaissable grâce à son logo significatif, un triangle rose pointé vers le bas. En dessous, la légende suivante : "Détecteur de drogues Drugwipe® Renseignements et commandes : 01 44 59 81 01"

Nous appellons aussitôt et le correspondant du SNEG nous apprend que les élections du nouveau bureau ont eu lieu en janvier, que Bernard Bousset n’est plus président du SNEG, et que la vente de testeurs de drogues, n’ayant pas eu de succès, est tout simplement abandonnée. C’était sur les conseils avisés de la Préfecture, dit-il, que le SNEG aurait accepté de publier cet encart.

A Act Up, l’Agence du Médicament a pourtant clairement signifié que le Drugwipe n’a encore aucune autorisation de vente au public, une demande d’AMM a tout de même été déposée. Cédant à des pressions sécuritaires, le SNEG s’est donc peut-être mis dans l’illégalité en faisant la publicité d’un produit « invendable ». Roulé dans la farine, c’est le cas de le dire, en voulant tester les capacités délatrices de ses adhérents …

Bernard Bousset, ancien président du SNEG, écrit plein d’émotion dans l’éditorial :
"Dernière année d’un siècle qui n’aura pas épargné la communauté gay. Ayons donc une pensée pour toutes celles et tous ceux qui ne sont plus là avec nous."
Effectivement, nous n’oublions pas qu’au 1er décembre le sida a fait "officiellement" 6 551 morts chez les usagers de drogues. Et nombre d’entre eux étaient clients de vos établissements, doit-on vous le rappeler, Monsieur Bousset ?

"... après avoir dialogué avec des élus, des policiers, des politiques et peut être après avoir convaincu ... "

Nous croyons, plutôt, que c’est la Préfecture et les policiers qui vous ont convaincus, Monsieur Bousset.

"... Tous ces coups bas et ces calomnies viennent de notre propre camp, et nous affaiblissent au lieu de nous renforcer."

Que dire de plus, sinon que nous ne sommes décidément plus dans le même camp, Monsieur Bousset.

"... le SNEG est un syndicat fort, adulte et représentatif, faîtes en bon usage."
Que dire d’un syndicat fort qui s’excuse d’être sous le joug de la Préfecture de Paris ?

Que dire d’un « syndicat adulte » de patrons de boîtes de nuit qui ne veut rien entendre de mesures nécessaires de prévention, surtout concernant la réduction des risques liés à l’usage de drogues ? Vous savez bien que l’impact des campagnes de prévention dépend de la facilité d’accès à ces informations. Que dire d’un « syndicat représentatif » qui ignore une bonne partie de sa clientèle ?

Act Up-Paris a dénoncé la charte de prévention du SNEG, par courrier, le 1er Février 1998. Tant que le SNEG "nouveau" n’aura pas fait preuve d’objectifs cohérents en terme de politique de prévention et de mise en place de moyens conséquents, nous ne soutiendrons plus cette initiative. Quand le sida a " bon dos ", à l’époque où les subventions se font plus rares, il fait mauvais genre de se préoccuper de la santé de milliers de buveurs, fumeurs, shooteurs, sniffeurs, gobeurs et autres rouleurs, qui représente une partie " non négligeable " de la communauté gaie, "consommateurs" pas exactement comme les autres.

Quand pourrez-vous imposer aux autorités que vous puissiez librement diffuser dans tous vos établissements des plaquettes de prévention sur les drogues sans craindre de passer pour des dealers ?

Pourquoi ne contactez-vous pas d’autres spécialistes comme ceux de la mission rave de MDM pour leur demander conseil en matière de faisabilité d’analyses rapides des drogues dans les boites de nuit ?