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communiqué de presse

un détenu séropositif victime de torture blanche

mardi 19 juin 2001

M. Pierre G. incarcéré depuis le 12 avril 2001, atteint de pathologies graves, subit un véritable harcèlement moral de la part de ses surveillants et de l’administration pénitentiaire. Dernière de ces persécutions, un dysfonctionnement lors d’un transfert a remis en cause le suivi et la régularité de sa prise en charge thérapeutique.

M. Pierre G, séropositif aux virus du sida et de l’hépatite C, sous traitements, a été transféré 3 fois depuis le 12 mars. À chaque fois le secret médical est bafoué, les surveillants chefs annonçant aux autres surveillants et aux autres détenus les pathologies de ce prévenu. M. G sera victime de toute sorte de brimades verbales et morales. Les surveillants de la maison d’arrêt de Clermont-Ferrand sont même allés jusqu’à menacer de faire grève pour exiger le transfert de M. G.

A Clermont-Ferrand, ses traitements lui ont été fournis de façon aléatoire : il lui est arrivé de recevoir deux comprimés au lieu d’un sans aucune explication de l’infirmière.

Son dernier transfert, vendredi 15 juin, est dans la continuité de ces violences morales que lui et ses proches ont déjà subies. Un transfert pour le moins abusif : M. G aurait affirmé « qu’il aimerait s’évader » ; il est du coup considéré comme dangereux ; on décide de le transférer à la maison d’arrêt de Saint-Etienne.

Aujourd’hui M. G a été placé à l’isolement où il risque une privation de droit encore plus pesante. Il est loin de ses proches qui habitent Clermont-Ferrand. Une demande de mariage, faite le 2 avril 2001, n’a toujours pas reçu de réponse de la part du juge d’instruction.

Enfin, comme si ces brimades ne suffisaient pas, nous apprenons que M. G n’aurait pas reçu ses traitements pendant son transfert. Le motif de cet interruption de traitements ? Son dossier médical n’est parvenu qu’une fois son transfert effectué. On connaît pourtant les dangers d’une prise irrégulière de traitements : le virus devient plus facilement résistant aux antirétroviraux. L’Administration Pénitentiaire assume-t-elle cette responsabilité ?

Comme tous les autres détenus, Pierre G désire être soigné correctement. Il connaît sa maladie et exige qu’on lui donne les résultats de ses divers examens. Il veut que le secret médical soit respecté. Il veut également rester en contact avec les siens, afin de bénéficier d’un soutien psychologique indispensable à des personnes gravement malades.

On pourrait parler de harcèlement moral, mais en détention cela s’appelle « torture blanche ».

L’Administration pénitentiaire fait tout pour que M. G renonce à se soigner, et de fait condamne ce prévenu à mort.

Act Up-Paris exige :
 que le secret médical soit respecté en détention ;
 que la prise en charge des personnes atteintes de pathologies graves soit effective dans toutes les UCSA ;
 que les droits des détenus et de leurs proches soient respectés ;

Act Up-Paris exige la libération de tous les détenus atteints de pathologies graves.