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Fonds mondial : outil de contrôle des pays riches sur les pays pauvres

mercredi 9 octobre 2002

En juin 2001, l’Assemblée Générale Extraordinaire des Nations Unies lançait le Fonds Mondial contre le sida, la tuberculose et la malaria, que les pays du Nord s’engageaient à alimenter.

Pour atteindre les 10 milliards de dollars nécessaires chaque année, une contribution des pays de 0,05% de leur PNB suffirait. Pourtant, à l’heure actuelle, les caisses du Fonds mondial ne contiennent que 560 millions de US$, soit moins de 5% des objectifs fixés. La France, par exemple, 5ème puissance économique mondiale, s’en tient à une participation dérisoire de 50 millions d’euros par an, dont la première tranche vient tout juste d’être adressée au Fonds mondial.

Le premier appel d’offres du Fonds mondial a été traité en avril 2002. Pourtant à ce jour, malgré l’urgence, aucun financement n’a encore été déboursé. Ainsi au Maroc, la généralisation de l’accès aux antirétroviraux, prévue par le gouvernement pour débuter en septembre, est bloquée faute de recevoir le financement promis par le Fonds mondial.

Non contents d’être incapables de décaisser l’argent, les Etats membres du conseil d’administration du Fonds mondial se consacrent actuellement à la mise en place de mesures de contrôle de l’approvisionnement en médicaments et du respect des réglementations sur la propriété intellectuelle dans les pays potentiellement bénéficiaires du Fonds. Ces questions seront notamment traitées lors d’une réunion du conseil d’administration qui se tiendra à Genève les 10 et 11 octobre. Ce faisant, certains Etats du Nord, USA en tête, n’ont qu’un objectif : écarter le recours aux génériques au profit de médicaments vendus par les multinationales. Le Fonds mondial outrepasse ainsi totalement et son mandat et sa fonction. L’OMS et l’OMC sont les organes internationaux de régulation et de conseil sur les questions de médicaments et de propriété intellectuelle. Le Fonds mondial, lui, est censé être un outil de collecte et de distribution de financements. Il ne peut en aucun cas régenter les politiques d’achat de médicaments dans les pays en développement, ni devenir le bras armé des multinationales contre le recours aux génériques.

Act Up-Paris dénonce l’attitude des Etats du Nord qui au mépris des malades et de la propagation de l’épidémie, détournent le Fonds mondial de ses objectifs. En refusant d’allouer les financements nécessaires, en faisant de ce Fonds un instrument de contrôle sur les pays pauvres, ils se discréditent et condamnent cette initiative.

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