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le carnet des prisons

dimanche 29 septembre 2002

Logique d’enfermement

Le gouvernement Raffarin tient ses promesses : la répression s’est fortement accrue, la prostitution, les usagers de drogues, les mineurs, le milieu associatif en font les frais. Fin août, Nicolas Sarkozy se réjouissait de la hausse de 32% des incarcérations et de 21% des gardes à vues. Il est bien le seul. Durant l’été, les conditions de détention se sont dégradées en rajoutant aux conditions d’insalubrité et de vétusté la surpopulation. La maison d’arrêt de Fresnes a une capacité de 1.200 prisonniers, or à ce jour ils sont plus de 1.600. Cette situation a pourtant été fortement dénoncée il y a deux ans, lors des commissions d’enquêtes de l’Assemblée nationale et du Sénat dont les rapports (publiés en juin 2000) furent votés à l’unanimité et donc par la droite aujourd’hui au gouvernement. Les détenus et leurs proches en font toujours les frais.

Témoignage

Nous avons reçu récemment ce courrier, d’un détenu, S. P., incarcéré dans l’est de la France :

« L’inégalité à l’accès du travail, l’injustice sociale sont choses courantes. Le travail est distribué à la "tête du client", au délit. Certains gagnent 457 euros brut (3.000 francs), d’autres 76 euros brut (500 francs). J’étais de ceux qui gagnait le moins. L’homo que je suis était plus que pénalisé. Le surveillant responsable du travail me donnait du travail au compte goutte. "Le pédé n’a pas besoin de travail". L’homophobie du directeur, de certains membres du personnel ainsi que de détenus est très présente. En mars 2001, on m’a séparé d’un détenu parce qu’un codétenu a été dire que nous avions des relations. En avril, avec un détenu, nous avons flirté dans le dortoir.

Nous avons été séparés. Le directeur a menacé de porter plainte pour attentat à la pudeur alors qu’il n’y avait que flirt. Il a donné des ordres par une note de service que ce détenu et moi ne devions plus nous voir. Ce qui a eu pour conséquence de faire de nous des pestiférés et a divisé le personnel. Certains nous laissent nous voir. Le directeur a aussi séparé un autre "couple". Fin avril, ils ont mis un gars de ce couple avec moi, créant ainsi la jalousie, ouvrant la porte à tous les "on dit". En fait le directeur jouait au sadique, espérant la bagarre pour mieux agir contre nous. Suite à son départ en vacances, X et moi avons réussi à nous mettre dans un dortoir de trois et à rester à deux, grâce à la complicité d’un gradé. Nous avons été ensemble jusqu’à fin 2001 où il a été libéré. »

Mort d’un sexagénaire

Début août, nous avons été contactés par la femme d’un détenu dont l’état de santé était alarmant. Ce couple de sexagénaires était dépité par ce qui leur arrivait. La détention les a détruits. M. R. souffrait d’une hépatite et d’un cancer. Quand sa femme nous a contacté il ne pouvait plus se mouvoir et souffrait de multiples douleurs. Les médecins de l’UCSA (Unité de consultation et de soins ambulatoires) nous dirent que M. R. était correctement pris en charge et qu’il n’y avait pas de quoi s’alarmer. Nous avons tout de même saisi l’IGAS (Inspection des Affaires Sociales) pour avoir plus d’informations. Malheureusement quelques jours plus tard, M. R. est décédé, laissant une veuve démunie de soixante dix ans se débrouiller seule pour les obsèques, seule, sans aucune explication. Nous attendons, quant à nous, les explications de l’IGAS : ce décès doit relancer la place en détention des détenus atteints de pathologies graves et des détenus âgés, ainsi que leur prise en charge médicale.

Légionellose, en prison aussi

Cet été, la légionellose aura fait beaucoup parler d’elle, en Angleterre ou à Grenoble. Pourtant, au printemps dernier, elle était déjà présente à la prison de Villepinte où les douches étaient contaminées. Les autorités n’ont fermé les douches et ne les ont décontaminées qu’après qu’un détenu ait été contaminé. Fin juillet, la légionellose à la prison de Salon-de-Provence n’aura pas ému grand monde non plus ; il est vrai que ce n’est pas l’hôpital Georges Pompidou. Pourtant, là aussi, un détenu a été contaminé et, c’est seulement à ce moment-là que les autorités pénitentiaires ont agi.

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