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Dans la guerre contre le sida, la bataille du Fémidom doit se gagner en 2003

lundi 3 mars 2003

Depuis 2001, la prévention des femmes est sensée être une priorité pour la Direction générale de la santé (DGS). Pourtant dans le trop faible dispositif proposé, il ne reste plus aujourd’hui que des campagnes de promotion du préservatif féminin. Mais ici aussi, l’actuel gouvernement a décidé de faire des économies, témoignant ainsi de son peu d’intérêt pour les femmes et le sida.

La nécessité de la promotion de l’utilisation du préservatif féminin, et plus particulièrement le Fémidom®, est aujourd’hui une évidence. Ses avantages par rapport au préservatif masculin sont reconnus, notamment parce que l’on constate, dans le couple, « une résistance masculine à l’utilisation du préservatif. Si la femme ne demande pas à l’homme de se protéger, il n’y a alors aucune protection » (Assemblée nationale, Rapport d’activité de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, année 2001). Malgré ses propres directives, le ministère de la Santé n’a encore rien entrepris de significatif, et nous constatons même avec colère qu’en matière de prévention des femmes, la maigre promotion de l’utilisation du Fémidom® est depuis 6 mois réduite à zéro.

Sur les 5 distributeurs parisiens de Fémidom® inaugurés le 8 mars 2002 (Bonne Nouvelle, Lamarck Caulaincourt, Gare de Lyon, Gare Montparnasse et Cité Universitaire), seul celui de la station Cité Universitaire reste en service. D’après Pharmex, le gérant des distributeurs, cette situation qui vise à stopper les cambriolages, dure depuis la fin de l’été 2002. Pour sa campagne du 1er décembre 2002, « Le choix des armes », la Mutuelle des Etudiants n’a pas pu diffuser un seul Fémidom® des 50 000 annoncés. Que ce soit par l’absence de subvention de la part de la DGS ou par manque de moyens de la part de la Mutuelle, ici encore la prévention sida à destination des femmes a été sacrifiée. Et pour couronner le tout, le ministère de la Santé par l’intermédiaire de l’Institut national pour l’éducation à la santé (INPES), ne distribue plus aucun Fémidom® aux associations de lutte contre le sida. Aucun effort n’a été non plus entrepris à ce jour par l’Ordre national des pharmaciens (ONP) pour expliquer l’importance de mettre rapidement à disposition les préservatifs féminins dans toutes les pharmacies. D’après une pharmacienne vigilante, le refus catégorique d’une majorité d’officines de les vendre tient au fait qu’ils rechignent à devoir en expliquer l’utilisation. C’est avec cet argument ahurissant que les pharmacienNEs retirent aux femmes ce mode de prévention de la transmission du VIH et des IST mais aussi ce moyen de contraception efficace. Présenter le produit, le faire connaître des femmes est aussi du ressort des gynécologues et des établissements scolaires, en direction desquels, là aussi, rien de significatif n’a été entrepris.

Des Fémidom® à 1 euro

Pour mettre fin à cette inertie, Sida Info Service a rencontré la DGS, il y a quelques semaines afin de demander la mise en place dans l’ensemble des pharmacies de France du préservatif féminin à 1e. Aides, le Mouvement Français du Planning Familial, le Kiosque et Act Up-Paris ont fait part au ministre de la Santé de leur souhait de voir cette campagne mise en place pour le 8 mars 2003. Ce projet est à l’étude par la DGS et l’INPES, qui d’ores et déjà l’ont repoussé à juin 2003. Il est de plus en plus probable que cette opération n’ait pas lieu ; les restrictions budgétaires demandées au ministère de la Santé par l’actuelle majorité UMP feront certainement passer ce projet aux oubliettes, au détriment de la santé des femmes. Il est donc urgent de se mobiliser, car nous ne pouvons pas nous permettre de faire l’économie de cette campagne. Nous n’avons obtenu que trop peu en ce qui concerne la prévention en direction des femmes.

1934, « les femmes nouvelles » jettent au feu leurs chaînes,
place de la Bastille. Photo Nathan.