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Edito

lundi 1er juillet 2002, par Victoire Patouillard

Si l’on s’en tient au calendrier, c’est un climat insurrectionnel qui devrait règner à Barcelone cette année.

Il y a quatre ans, à Genève, les organisateurs de la conférence internationale sur le sida affirmaient vouloir « réduire l’écart ». Deux ans plus tard, à Durban, (Afrique du Sud), les associations activistes parvenaient à imposer la question de l’accès aux traitements dans les pays pauvres comme l’enjeu central de la conférence. En juillet 2002, l’heure ne sera donc pas au bilan : la démonstration de faisabilité de l’accès aux traitements a été faite, un fonds mondial a été créé pour lutter contre l’épidémie, la question de l’engagement des pays riches a été inscrite à l’agenda du G8 en 2001. L’hécatombe qui a lieu aujourd’hui dans les pays pauvres est aujourd’hui connue de tous. Si aucun engagement n’est pris à l’occasion de Barcelone par les chefs d’Etat et les organisations internationales, la conférence sera frappée d’inanité, et le Fonds mondial restera vide de sens à force d’être vide d’argent. La concentration en un lieu unique et pour une durée brève de tous les acteurs de la lutte contre le sida pourrait alors se révéler tragiquement explosive.

La réponse des laboratoires pharmaceutiques à la demande des associations de malades de mise en place d’essais post-AMM qui étudieraient la pharmacovigilance et les effets à long terme des traitements, constitue le second enjeu de cette conférence. La lourdeur des effets secondaires impose en effet qu’ils soient étudiés après la mise sur le marché des nouvelles molécules, et c’est la responsabilité que se donnent les laboratoires en matière de santé publique qui se joue ici. Il importe également d’étudier les effets spécifiques des traitements sur les femmes. Cette question a été complètement négligée par les chercheurs, sinon dans le strict cadre de la transmission materno-fœtale. La commission Femmes d’Act Up-Paris a contribué à la faire émerger , la conférence de Barcelone doit être le terrain de cette bataille féministe dans le champ thérapeutique. Il y a là une urgence vitale.

Enfin, cette conférence doit être l’occasion pour tous les chefs d’Etat européens d’exprimer leur position quant à la directive européenne dite « DTCA (Direct To Consumer Advertising) » qui est actuellement discutée au Parlement européen et qui vise à autoriser la publicité des laboratoires pour les traitements anti-sida.

Nous ferons tout notre possible pour que cette conférence internationale fasse date.