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Criminalisation : stop

lundi 29 juillet 2002

La criminalisation des personnes séropositives va a l’encontre d’une politique de prévention efficace et d’une responsabilisation des pratiques. Ne serait-ce que pour cette raison, nous nous y opposons catégoriquement.

La question de la criminalisation des personnes qui auraient contaminé leur partenaire est depuis longtemps d’actualité. Certains pays, tels que les Etats Unis, connaissent ainsi à des procès qui rendent pénalement ou civilement responsable une personne atteinte pour en avoir contaminé une autre. Mais cette question concerne l’ensemble des pays touchés par l’épidémie, au Nord comme au Sud, où on voit fleurir nombre de propositions pour condamner, voire enfermer dans des centres spécialisés (tels qu’en Suède, ou à Cuba), les personnes séropositives. D’autres parleront de « sidatoriums ».

Quelles que soient les situations, poser la question de la responsabilité en cas de contamination et accepter de tenir des procès sur ce terrain est pour nous intolérable et inefficace. Quelles que soient les conditions d’une contamination, aussi tragiques qu’elles puissent l’être, ce n’est en aucun cas en criminalisant et en réprimant juridiquement des personnes que l’on peut mener une véritable politique de santé publique, qui appelle des changements de comportement.

Une relation sexuelle se fait à deux, et, de ce fait, il existe une responsabilité partagée. Tant du côté des personnes séropositives que des personnes séronégatives. L’un ne peut se cacher derrière l’autre : lorsqu’on adopte des pratiques non protégées, cela concerne l’ensemble des partenaires.

Qualifier une contamination de crime ou de délit d’empoisonnement, par exemple, supposerait d’abord que les personnes atteintes aient connaissance de leur statut sérologique. Il suffirait donc de ne pas faire de test de dépistage pour ne pas avoir à rendre compte à la justice en cas de contamination. On le voit, la criminalisation s’oppose à une politique de prévention et de dépistage.

Plutôt que de promouvoir ce recours à la justice, contre-productif, mieux vaudrait systématiser les campagnes de prévention ciblées, auprès des personnes hétérosexuelles ou homosexuelles, qu’elles vivent en couple ou soient célibataires, pour rappeler que si elles ne se protègent pas, elles se mettent en danger, et mettent en danger tous leurs partenaires. Privilégier la responsabilisation plutôt que la criminalisation.

Nous le savons, la répression n’a que peu d’efficacité, notamment en termes de comportement. Ce n’est pas par la force que l’on permet à des personnes de s’interroger sur leur sexualité et leurs pratiques.
C’est bien plutôt par un travail de pédagogie et de responsabilisation que l’on peut inscrire dans le temps la prévention du sida, pour la rendre efficace durablement.