Accueil > Drogues & Usages > La " Boutique " de la rue Beaurepaire doit rester ouverte

La " Boutique " de la rue Beaurepaire doit rester ouverte

vendredi 28 mai 1999

Après un an de demi-existence, la " Boutique " d’accueil pour toxicomanes de la rue Beaurepaire est promise à la fermeture.

Une poignée d’opposants obtient de la DDASS, des élus du Xème arrondissement et du Ministère de la Santé le désaveu d’un projet qu’ils avaient eux-mêmes mis en place.
Ce renoncement constitue un précédent grave pour les usagers de produits illicites et les structures qui leur sont destinées.
Aujourd’hui les militants d’Act Up-Paris occupent la DDASS pour exiger le maintien de la " Boutique " dans ses missions d’origine.
Depuis l’ouverture de la " Boutique " le 20 avril 1998, le trouble n’a pas été créé dans le quartier par les usagers qui la fréquentent, mais par les opposants à son existence.

Permanences sur le trottoir, harcèlement quotidien, menaces téléphoniques, omniprésence de la police, les usagers de " drogues " se sont vus affubler des pires caricatures et priver des droits qui leur étaient offerts.

Aujourd’hui les opposants obtiennent gain de cause : la DDASS et le gouvernement proposent de délocaliser la " Boutique " à la Gare du Nord.

Cette décision est consternante. L’incohérence de la DDASS, la lâcheté du Ministère de la Santé et le silence des ténors de la " réduction des risques " ne le sont pas moins. A peine un an après avoir investi dans la réfection de locaux et la mise en place d’une équipe d’accueil, la DDASS range le dossier dans un tiroir. A peine un an après l’annonce d’une " ambitieuse politique de santé publique dans le champ de la toxicomanie ", Bernard Kouchner entérine une décision honteuse. L’Association Française de Réduction des risques, quant à elle, s’en tient à un silence coupable.

Si la décision est maintenue, plus aucune " Boutique " d’accueil de toxicomanes ne pourra ouvrir en France. Aujourd’hui c’est un centre qui ferme, demain on exigera la délocalisation, c’est à dire l’éviction, du seul Sleep’in existant ou d’un centre méthadone. Tous les projets de " Boutiques " en attente d’hébergement, pour la plupart déjà élaborés et financés, resteront à dormir dans les tiroirs des DDASS.

Convenablement exposée et défendue, la nécessité d’un accueil sanitaire et social des usagers de produits illicites pourrait être entendue des riverains. Dans le contexte actuel de prohibition de leurs pratiques, aucune structure d’accueil ne peut être superflue. Les lieux d’hébergement, les boutiques d’échange de seringues, les centres d’accueil sanitaire et social devraient être multipliés. Mais le peu qui existe est systématiquement mis à bas. En France, on préfère donner raison aux affabulations sécuritaires, plutôt que combattre les préjugés sur lesquels elles se fondent. On préfère constituer une classes de parias, plutôt que prendre en compte la réalité des pratiques.

Depuis trente ans, les usagers de " drogues " font les frais de l’idéologie perverse de la prohibition. Circulation de produits de plus en plus frelatés, exposition aux risques de contamination, éloignement des structures de soin, interdiction d’expression, accusations et désignations permanentes. Sans doute les préfère-t-on morts.

Act Up-Paris exige l’annulation des décisions prises et l’association des usagers et des riverains partisans de la " Boutique " à la réflexion menée sur le centre Beaurepaire.
Act Up-Paris exige le maintien de la " Boutique " de la rue Beaurepaire dans ses missions d’origine.
Act Up-Paris exige la multiplication des structures d’accueil d’usagers de produits illicites.