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Viol sur viol à Lariboisière

jeudi 19 janvier 2012

Nous sommes à l’hôpital Lariboisière, dans la nuit du 9 au 10 janvier. Floriane [1] vient d’arriver aux urgences. Elle a le visage tuméfié, la bouche qui saigne. Elle vient de subir un grave traumatisme : agression, séquestration, viol collectif en réunion et sans préservatif qui s’est conclu par des violences physiques, pertes de connaissance etc. Elle a cru mourir, puis elle a prit sur soi pour se trainer à l’hôpital. Elle voudrait des soins d’urgence, des tests de dépistage et des radios à la tête : elle craint une fracture.

Floriane vit en femme depuis plus de quinze ans ; elle en a toute l’apparence. Elle tend sa carte vitale. A partir du moment où à l’accueil des urgences on a vu le « 1 » qui y figure, Floriane ne sera appelée que « monsieur » par le personnel soignant, devant tous les usagers qui attendent eux aussi. Et quand elle demandera d’être appelée au féminin la réponse sera : « pourquoi vous ne faites pas changer vos papiers d’identité ? »

Au bout de quatre heures elle est reçue par un médecin, qui lui aussi l’appelle « monsieur ». Ce n’est qu’après que Floriane lui ait dit « c’est un deuxième viol que je suis en train de subir ici » que le médecin commence à lui parler dans son genre actuel.

Depuis combien de temps, demandons-nous aux gouvernements de changer à la demande le « 1 » et le « 2 » des cartes vitales, pour avoir un meilleur accueil dans les hôpitaux…et des rapports plus faciles avec nos employeurs potentiels ? Et depuis vingt ans les ministères de la santé, de la justice et des finances se renvoient la balle puisqu’ils ne veulent pas changer nos identités sans stérilisation.

Pour eux cela relèverait de l’administratif pur. Pas question pour eux d’imaginer qu’il puisse y avoir un enjeu humain dans ces demandes. Même une brochure pour l’accueil des personnes trans, intersexes ou ambiguës semblent impossible, ou une petite formation sur ce thème.

Voici le résultat. Floriane a vécu un enfer et à cause du « 1 » de sa carte vitale, en arrivant à l’hôpital, on lui en a fait vivre un autre.

Act Up-Paris exige :

  • des excuses du personnel de l’hôpital Lariboisière
  • le changement du numéro de sécurité sociale à la demande,
  • une formation du personnel des hôpitaux à l’accueil des personnes trans et intersexes
  • que Xavier Bertrand rende public le rapport de l’IGAS qu’il a commandé sur les trans’
  • que le Défenseur des Droits se saisisse pleinement de ces discriminations
  • que François Baroin réponde à la question écrite à ce sujet par Catherine Lemorton, députée de Haute-Garonne, et publiée au journal officiel le 12 juillet 2011
  • l’observation des recommandations de Thomas Hammarsberg commisaire aux droits Humain du Conseil de l’Europe quant aux personnes trans [2]

[1Le prénom a été changé afin de préserver l’anonymat de la personne

[2Droits de l’Homme et identité de genre, juillet 2009, Conseil de l’Europe