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Edito

samedi 20 avril 2002, par Victoire Patouillard

Information importante : Ce numéro d’« Action » est spécial, à plus d’un titre. Rédigé et conçu avant le 21 avril, sa diffusion était prévue pour que vous le lisiez pendant l’entre-deux tours des Présidentielles. Nous y rendons compte, comme toujours, de notre activité. Mais nous y annonçons par ailleurs la candidature de militants d’Act Up-Paris aux élections législatives, un projet que nous avons conçu depuis janvier 2002. L’éditorial de ce numéro et le manifeste "Devenez minoritaires" expliquent notre stratégie.

Mais juste avant la diffusion d’Action, les résultats du premier tour des Présidentielles sont tombés : Lionel Jospin est évacué du paysage politique, et Jean-Marie Le Pen est présent au second tour. Cela remet en cause toute notre stratégie et notre présence, comme candidats, aux législatives.

Fallait-il, pour autant, envoyer ce numéro au pilon ? La décision fut longue à prendre, mais nous avons choisi de diffusion Action, après y avoir inséré ce texte. Il faut donc lire ce numéro, et notamment les pages consacrées aux législatives, pour ce qu’il est : un objet daté, au strict du terme, qui rend compte d’un désir politique que le résultat des Présidentielles a remis en question.

Comme souvent, l’idée est venue un mardi soir de la RH (Réunion Hebdomadaire). Bien sûr, depuis le mois d’octobre dernier, il y avait ce désir d’intervenir dans la campagne électorale, de saisir ce moment, d’y lancer nos revendications. Mais ce n’est qu’après le 1er décembre que le groupe s’est mis à en discuter vraiment et c’est au détour d’un débat sur les présidentielles qu’est venue l’idée de se présenter en juin prochain aux élections législatives à Paris. Dans tous les arrondissements. Rive droite et rive gauche. 21 circonscriptions : 21 candidats.

Il y a cinq ans, à l’annonce de la dissolution anticipée de l’assemblée, nous nous étions lancés avec d’autres associations, d’autres groupes et d’autres gens dans un mouvement qui portait le titre de son manifeste : Nous sommes la gauche. A aucun moment alors, nous n’avions pensé à nous porter candidats. Le raccourcissement du calendrier politique ne nous en avait pas laissé le temps et quand bien même, la construction de ce mouvement, construction incertaine, à la fois prudente et audacieuse, ne laissait pas place, pour l’heure, à d’autres expérimentations actives.

Et puis l’idée fut lancée en réunion, une de ces idées folles dont on fait des slogans percutants et des actions flamboyantes, un projet qui lentement a pris corps. Pour la première fois qu’Act Up va se lancer dans la bataille électorale. Notre arsenal restera le même : des actions, des affiches, des textes, l’énergie de ceux qui nous rejoignent. Le texte de lancement de notre campagne se trouve dans ce numéro d’Action. Il y a également un appel à dons destiné à financer le matériel de campagne. L’affiche sera bientôt collée sur les murs de Paris. Lisez ce texte. Soutenez notre candidature. Rejoignez nos réunions.

Mais nous battons déjà la campagne. Sur les murs, d’abord. Il y a longtemps que nous n’avions pas collé autant d’affiches dans les rues. Jospin est représenté de dos sur un fond noir avec cette question qui conclut le texte : « pourrez-vous voter pour moi ? ». Dans les meetings politiques des partis, ensuite. Pour dénoncer le racisme qui veut que l’on limite l’aide au développement et la contribution de la France au Fonds Mondial pour le sida tout en multipliant les déclarations de soutien aux malades des pays pauvres. Dans nos propres réunions également, le mardi soir aux Beaux-Arts, lorsque nous invitons des candidats à l’élection présidentielle pour qu’ils répondent à nos questions. Devant les ministères enfin. Chaque semaine, encerclés par les CRS, nous organisons un picketing place Vendôme, devant le Ministère de la Justice pour obtenir que la garde des sceaux réponde des viols, des suicides et des multiples défauts de prise en charge sanitaire qui sont commis en prison. Le projet de loi que devait faire aboutir la Ministre a en effet été enterré par le gouvernement.

La campagne est lancée. Notre mot d’ordre nous ressemble : devenez minoritaires. Avec un peu de chance, vous vous y retrouverez aussi.