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ABT 378 : comme en 1996, la politique commerciale d’Abbott tue les malades

mardi 26 octobre 1999

Act Up-Paris a saccagé le stand du laboratoire Abbott lors de la VIIème Conférence Européenne sur les traitements et les aspects cliniques de l’infection à VIH, qui se tient à Lisbonne (Portugal), pour protester contre la pénurie en ABT 378 [1]. volontairement créée par le laboratoire.

Aujourd’hui, comme c’était le cas en 1996 lors de l’arrivée de son antiprotéase (Ritonavir), Abbott affiche le même cynisme à l’égard des malades.

Au cours d’une réunion organisée le 26 octobre 1999 à Lisbonne et destinée à calmer les associations, il est apparu clairement qu’Abbott ne fait rien pour répondre aux besoins des 8000 personnes en impasse thérapeutique en France . Son nouvel inhibiteur de protéase l’ABT 378 doit être prochainement disponible pour 40 personnes, ce qui est ridiculement insuffisant.

Les résultats d’un essai de phase II présenté lors de la conférence de l’ICAAC (Interscience Conférence on Antimicrobial Agents and Chemotherapy) en septembre dernier a prouvé que l’ABT 378 est une molécule efficace pour les personnes prétraitées qui ne répondent plus aux traitements actuellement disponibles sur le marché. Parmi les nouvelles molécules attendues (PMPA, FddA, MKC 442, Tipranavir, etc.), l’ABT 378 est la plus avancée dans son développement.
Les EATG (European AIDS Treatment Group) se sont récemment indignés contre"l’attitude insultante du laboratoire envers les malades". Le 18 octobre dernier, le TRT-5 (Groupe interassociatif regroupant Action Traitements, Act Up-Paris, Aides, Arcat Sida, SolEnSi, Vaincre le Sida, Sida Info Service et Nova Dona) après avoir rencontré le laboratoire, a protesté contre sa décision inacceptable.

Sur le plan européen, alors que le nombre de personnes en situation d’échec thérapeutique approche des 50.000, Abbott ne propose de l’ABT 378 que pour 750 personnes.

En France 10% des personnes traitées actuellement (chiffre donné par la Direction des Hôpitaux) sont en échec grave, soit 8.000 personnes.
Abbott se contente de proposer un accès à l’ABT 378 seulement pour 40 personnes.
Depuis le début de l’année l’ensemble des associations françaises de lutte contre le sida se mobilise pour accélérer l’accès compassionnel aux nouvelles molécules. Malgré le soutien de l’AFSSAPS (l’Agences Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé) prête à la mise en place d’une ATU nominative (Autorisation Temporaire d’Utilisation) sous condition de disponibilité suffisante, le laboratoire refuse de fournir le produit, proposant comme il avait déjà osé le faire en 1996 de gérer la pénurie à coup de tirage au sort. Pire encore le laboratoire se dit prêt à "récupérer" du produit dans les pays européens pour les donner à d’autres en fonction de l’état d’avancement des protocoles d’accès à l’ABT 378.

Act Up-Paris dénonce l’attitude meurtrière de laboratoire Abbott.
La stratégie commerciale de ce laboratoire qui consiste à retenir la distribution de son produit pour exacerber les besoins est insupportable. Tandis qu’Abbott prépare son marché, des vies humaines sont en jeu. Les malades ne peuvent pas attendre la mise en place d’un essai de phase III, ni le dépôt de dossier auprès de l’Agence du médicament européenne en juin 2000. Il y a urgence.

Act Up-Paris exige un accès large à l’ABT 378 par le biais d’une ATU nominative pour les personnes en impasse thérapeutique.
Act Up-Paris refuse de cautionner la politique criminelle du laboratoire Abbott.
Act Up-Paris surveille le laboratoire Abbott.


[1Lopinavir/r, commercialisé sous le nom de Kalétra®