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Lettre ouverte à la Présidente de la SoFECT

jeudi 24 mars 2011

Madame,

Le courrier électronique que vous avez envoyé à plusieurs associations trans, suite à la pochade que nous avons publiée, nous enchante et nous chagrine.

Ce message nous enchante, car il prouve que vous commencez à vous apercevoir qu’il existe des associations trans et qu’il est possible de communiquer avec elles. Que ces associations sont capables de créer des concepts dont vous-même pouvez faire usage, comme celui de trans-identité.
Ce texte nous fait immensément plaisir puisque c’est la première fois que vous citez le nom une association de lutte contre le sida.

Après presque trente ans de pandémie, bravo !

À part ça, nos raisons d’être chagrinéEs sont multiples :
1) La politesse aurait voulu que ce courriel s’adresse aussi à Act Up-Paris
2) Il est étonnant que vous reniez complètement cette satire puisque deux extraits du rapport de la SoFECT au Ministère de la santé y figurent.

À moins que ce rapport soit lui aussi une plaisanterie.
Pouvons-nous vous citer ? :
« La notion de transsexualisme n’est ni synonyme d’infection par le VIH, ni synonyme de prostitution, même si ces situations se rencontrent parfois et sont prises en charges spécifiquement ».

Le plus étonnant avec les spécialistes auto-proclamés des trans, c’est leur aptitude au mensonge. Comment pouvez-vous ignorer que pendant des années les équipes qui forment aujourd’hui la SoFECT, via leurs protocoles, refusaient d’opérer les personnes trans séropositives ou travailleuses du sexe et que cela était explicitement formulé dans certains protocoles. Mais qu’en est-il aujourd’hui ?
Et, s’il vous plait, pouvez-vous nous expliquer quelle est la spécificité du traitement des trans prostituéEs ?
Nous serions très intéresséEs de bénéficier de vos lumières.

La raison de l’hostilité que nous, association de malades, éprouvons à votre égard c’est, par exemple, cette phrase extraite de votre rapport et reprise dans notre article satirique : « les chiffres français de la prévalence du HIV ne sont pas connus. Ils n’atteignent pas les 20% ».

Qui peut accorder la moindre crédibilité scientifique à une association qui se reconnait dans ces lignes ? « Ils n’atteignent pas les 20%  ». Deux pour cent, ce serait déjà 10 fois supérieur au taux de la population générale. N’importe quel étudiant en première année d’épidémiologie vous rirait au nez.

Vous, qui vous accrochez au dossier de façon hégémonique, qu’avez vous fait dans cette histoire tragique et que faites vous aujourd’hui ?
 Quand, en 2005, Act Up-Paris publie un des premiers textes en France sur le VIH parmi les trans, vous vous taisez.
 Quand Act Up-Paris organise en 2006 une réunion publique d’information (RéPI) sur les trans et le VIH, avec plusieurs praticiens sur l’estrade, on ne vous voit pas.
 Quand, en 2007 le Crips et Act Up-Paris organise une journée de conférence « Trans : quels enjeux de santé ? », on ne vous voit pas.
 Quand, en 2008, le Rapport d’experts sur la prise en charge du VIH comporte un chapitre sur les interférences entre le VIH et les hormonothérapies, vous vous taisez.
 Quand l’INSERM lance en 2010 une enquête sur la santé sexuelle des trans’, vous-même (Marseille), T Gallarda et B Cordier (équipes parisiennes) la boycottez.

Votre seule motivation, quelque peu obscure, semble de vouloir conserver le pouvoir sur les trans. Cet acharnement va à l’encontre du code de la santé qui garantit le libre choix de son médecin.

En conséquence, vous comprendrez que nous demandons à ce que le dossier soit retiré des mains d’une société à la déontologie bancale et qui ne s’est créée que parce que les associations de trans’ avaient enfin réussit à faire ouvrir un chantier sur leurs droits que certains de vos membres s’acharnent depuis des décennies à étouffer.

Nous avons reçu le lundi 21 mars un courrier de votre avocat demandant un droit de réponse. Nous l’avons publié à la suite de l’article mis en cause

Cette réponse outrée à notre satire témoigne de votre crainte qu’elle puisse sembler crédible. Avouez que de la part d’une société qui se prétend reconnue pour son sérieux et son professionnalisme, cela prête à sourire.
Hélas, le serment d’Hippocrate ne protège pas de la bêtise.

Act Up-Paris, très heureuse de voir son travail aboutir à une sollicitation de projets de prévention au bénéfice des Trans dans le dernier appel de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES).

Voici la copie de votre courriel :

Date : 2011/2/28
Subject : Contact SoFECT
To : Mesdames et Messieurs responsables des associations de soutien des transidentités

Nous assistons à une action pour le moins étonnante de désinformation de l’association Act Up qui fait circuler une correspondance qui est un faux grossier qui émanerait du secrétaire de la SoFECT

Nous tenons à vous faire savoir qu’en dehors de l’aspect caricatural de ce texte qui ne ressemble ni à nos actions ni à notre système de pensée nous sommes un peu interloqués de ce genre de procédé.

Nous pensons qu’à un moment où les idées évoluent quand aux représentations sociétales de la transidentité d’une part , et d’autre part à un moment où il y a enfin des avancées pour aider la prise en charge des personnes transsexuelles ce genre de provocation est bien mal venue et ne sert à personne...

C’est pourquoi je me permet de vous envoyer ce message de démenti, et j’en profite également pour vous informer que la SoFECT reçoit tous les courriers et suggestions que vous penserez utiles pour des actions de communication de qualité pour la prise en charge des personnes transsexuelles.

Bien à vous

Dr M Bonierbale
Présidente de la SoFECT