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Le vagin comme gadget électoral

lundi 20 mai 2002

Pour parer à son inefficacité, le gouvernement récupère le travail des associations.

En février dernier, nous rencontrions Gilles Brucker, conseiller de Bernard Kouchner. A l’ordre du jour : le Fémidom (préservatif féminin). Lorsque nous sommes arrivés ce jour là, Gilles Brucker avait oublié le sujet de notre réunion… Nous avons insisté sur la responsabilité du gouvernement en termes de choix stratégique, sur le besoin d’amorcer l’information et l’accessibilité économique et géographique du Fémidom. Nous demandions, encore et toujours, une campagne nationale à 15 centimes d’euros.

Selon Gilles Brucker : « Bernard Kouchner est pour l’amélioration de l’accessibilité au préservatif féminin (…) il veut monter au créneau le 8 mars en inaugurant un distributeur de préservatifs féminins (…), l’occasion de montrer un engagement fort ».

Quant à la campagne du Fémidon à un coût raisonnable, la réponse n’a rien eu de surprenant, ils sont bien sûr d’accords avec l’idée d’une campagne à 15 centimes et d’une promotion sur 6 mois, mais où trouver l’argent ? Le prétexte est toujours le même. Et lorsque nous demandons que le gouvernement profite du 8 mars, journée mondiale des femmes, pour s’engager sur une campagne de promotion, il est impossible d’obtenir une réponse. Ils vont y réfléchir consulter la DGS, la mission sida, le CFES et peut être le secrétariat d’Etat aux Droits des Femmes. En attendant la proposition d’une campagne à 15 centimes pour les plus démunis reste sans échos, « faute de fonds suffisants ».

Dès son arrivée au poste de ministre de la santé, Bernard Kouchner aurait dû faire débloquer les fonds nécessaires, et prévoir une campagne de prévention à destination des femmes. Or rien n’a été prévu dans le plan triennal de prévention VIH/sida (65 millions d’euros). Il est inadmissible aujourd’hui d’entendre qu’il n’y a pas d’argent. Notre ministre a pourtant été alerté de l’urgence de faire de la prévention en direction des femmes. Il s’est engagé mais n’a rien fait. Et subitement, deux mois avant les élections présidentielles, Bernard Kouchner s’empare du travail des associations pour en faire glorieusement l’annonce.

Car face au silence et à l’inaction des pouvoirs politiques, les associations ont comme toujours dû agir. Sida Info Service prévoit de lancer sa campagne du Fémidom à 1 € à l’automne 2002. Et c’est Aides qui lance une campagne nationale Femmes et VIH/sida avec installation de distributeurs de Fémidom dans le métro.

Le 8 mars, un an après que Dominique Gillot ait promis une diffusion massive de ces préservatifs, Bernard Kouchner ne s’est même pas donné la peine de venir annoncer comme prévu les campagnes de Sida Info Service et d’Aides, ni d’inaugurer le « fameux » distributeur de la station Bonne Nouvelle. Ce distributeur aurait par ailleurs dû être installé il y a 3 mois, à l’occasion du 1er décembre. L’inauguration en a été reculée, et tombe aujourd’hui par un heureux hasard sans doute, en pleine campagne électorale.

Il semble que la prévention, la santé des femmes, n’intéressent le gouvernement que pour les effets d’affichage qui précèdent les élections. Pourtant, les femmes sont de plus en plus touchées par le VIH. Plus que jamais, des campagnes de prévention ciblées et massives sont nécessaires ; plus que jamais, tous les moyens efficaces de prévention doivent être disponibles, partout, à un prix réduit. Le Fémidom reste largement introuvable, et son prix (2 à 3 €), est prohibitif.

Et ce n’est pas un unique distributeur de Fémidoms que l’on aurait dû inaugurer ce 8 mars, mais des centaines, convenablement répartis dans toutes les grandes villes de France.

Act Up Paris exige :
 Une campagne nationale de fémidom à 15 centimes d’euros ;
 Une campagne nationale d’information pour expliquer tous les intérêts de ce nouvel outil de prévention ;
 Une campagne de prévention en direction des hommes hétérosexuels.


Le 19 mars, soit 11 jours après l’inauguration du distributeur, nous avons reçu un message nous avertissant qu’il était vide. Après vérification nous avons contacté le numéro de dépannage. A notre grand étonnement, notre interlocuteur nous a alors proposé « si vous voulez on peut vous en envoyer une boîte chez vous ».