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Les laboratoires Schering-Plough sacrifient les malades à leur logique commerciale

vendredi 6 novembre 1998

Aujourd’hui 6 novembre, 40 militants d’Act Up-Paris se sont rendus à l’usine de Hérouville Saint Clair (banlieue nord de Caen) et bloquent depuis 7 h du matin, toute la production ainsi que l’accès à l’unité de fabrication des médicaments du laboratoire.

Depuis 1996, Schering Plough prospère en France grâce au marché que lui offre la prohibition des drogues :
150 000 à 200 000 usagers de drogues par voie intraveineuse constituent le réservoir d’utilisateurs potentiels de ses produits. 30% d’entre eux ont été contaminés par le VIH et 70% par le VHC à la faveur de la précarité imposée par la clandestinité. Près de 60 000 sont sous traitement de substitution, souvent contraints à recourir à ces programmes pour échapper aux prix exorbitants et à l’insécurité régnant sur un marché prohibé.

Ce marché captif représente une véritable manne pour un laboratoire qui développe sa stratégie commerciale dans le cynisme et le plus pur mépris de la santé de ses clients : aucune étude sur l’intéraction du Subutex® avec les traitements anti-VIH (à l’époque principalement l’AZT) n’a été réalisée à l’occasion de sa mise sur le marché. Depuis le risque d’interaction avec plusieurs antiprotéases est aujourd’hui confirmé par une étude du CRPV de Brest.

Schering-Plough, sous couvert de substitution, travaille pourtant à la commercialisation de produits destinés au sevrage : antagoniste pur (Nalorex) ou produit "inshootable" (Suboxone).
Aujourd’hui, cherchant à contourner le refus de la commission de substitution de l’Agence du Médicament en France, il tente de faire homologuer ses produits au niveau européen.

Le laboratoire Schering-Plough avait déjà manoeuvré espérant obtenir l’A.M.M. européenne du Rebetron, un "pack" de deux médicaments destinés à juguler l’hépatite C : l’Interféron (Introna®), sous forme injectable, et la Ribavérine (Rebetol®), sous forme de cachets. (cf. communiqué de presse du 19 octobre 1998).
Le gouvernement a laissé tout pouvoir à Schering Plough pour régler le problème de la substitution en France. Laissera-t-il ce laboratoire s’emparer des traitements VHC ?

Act Up-Paris exige de Schering Plough :
 la prise en considération réelle de la santé des utilisateurs de ses produits,
 le développement de substitutions injectables,
 l’abandon du pack Rebetron et la commercialisation séparée de ses produits,
 des études préalables systématiques sur les effets des produits qu’il met sur le marché et leurs interactions avec d’autres médicaments.

Act Up-Paris exige de l’Etat :
 qu’il joue son rôle de contrôle des industries pharmaceutiques,
 l’élargissement de la palette de substitution : diversification des galéniques, diversification des produits,
 la légalisation contrôlée de toutes les drogues.