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Après la réponse de la Croix-Rouge

Act Up-Paris maintient ses questions

vendredi 15 octobre 2010

Jeudi 14 octobre, nous diffusions un communiqué faisant état de la double casquette de Robert Sebbag, administrateur de la Croix-Rouge française et également vice-président de Sanofi Aventis et administrateur du LEEM. La réponse de la Croix-Rouge à notre communiqué du 14 octobre (lire ci-dessous) est troublante puisque ses rédacteurs... ne répondent pas .

L’essentiel du texte consiste en un long paragraphe consacré à la biographie de l’intéressé, que nous connaissions déjà puisqu’elle est en ligne sur le site du LEEM : hors-sujet. Le dernier paragraphe est une longue description sur l’action de l’association en matière d’approvisionnement en antirétroviraux. Or, nous ne remettons pas en cause le travail de la Croix-Rouge dans les pays en développement.

Dans cette réponse, la Croix-Rouge consacre donc seulement deux lignes au problème que nous posons, deux lignes à nier le conflit d’intérêt et à réaffirmer "sa confiance" en Robert Sebbag. La Croix-Rouge n’explique pas l’absence de conflit d’intérêt. Pour les rédacteurs de cette note, il n’y a aucun problème à ce qu’une personne, par ailleurs payée pour défendre les intérêts d’une entreprise dont l’action s’oppose souvent à l’accès aux traitements dans les pays en voie de développement (comme le montre l’exemple de la Thaïlande et du Plavix), représente la Croix-Rouge auprès du chef de l’Etat, et participe à des discussions sur le développement, la santé et l’accès aux soins, thématiques auxquelles l’entreprise qui le paie est directement intéressée, mais à un titre très différent d’un responsable humanitauire !

La Croix-Rouge affirme : « Son engagement sans faille pour la Croix-Rouge française et son expertise de docteur en médecine conduisent régulièrement (Robert Sebbag) à représenter l’association lors de réunions réunissant les acteurs humanitaires autour des problèmes de
santé, notamment dans les pays du sud ».

Nous ne pouvons croire qu’il n’y ait personne à la Croix-Rouge d’aussi compétent que Robert Sebbag, et indépendant d’intérêts privés. Nous réaffirmons qu’il y a conflit d’intérêt.


La Croix-Rouge française réfute les accusations de conflit d’intérêt concernant Robert Sebbag

Pour réagir à l’information diffusée sur le site Internet de l’association Act Up, la Croix-Rouge française conteste formellement les propos d’Act Up sur le Docteur Robert Sebbag et l’éventuel conflit d’intérêt qui pourrait exister entre sa fonction d’administrateur de la Croix-Rouge française et sa responsabilité professionnelle dans le groupe Sanofi-Aventis. La Croix-Rouge française lui renouvelle son entière confiance pour sa fonction d’administrateur et se félicite de son rôle à l’appui de l’engagement quotidien de l’association pour la lutte contre le sida en Afrique.
Le Docteur Robert Sebbag est engagé depuis plus de 20 ans dans l’action humanitaire. Cofondateur d’Action contre la faim (ACF) en 1979, il a occupé la fonction de directeur des opérations internationales de la Croix-Rouge française de 1997 à 2000. Depuis 2004, Robert Sebbag occupe bénévolement la fonction d’administrateur de la Croix-Rouge française ; il préside la commission des relations et opérations internationales du conseil d’administration. Il a, depuis plus de 10 ans, effectué de très nombreuses missions sur le terrain pour l’association.

Parallèlement, Robert Sebbag a contribué à l’ouvrage collectif « Médecine humanitaire » en 1994 ; il a collaboré au rapport « Comment améliorer la relation entre les grandes entreprises françaises et les ONG dans la gestion des situation humanitaires d’urgence » pour le premier ministre à la demande du secrétariat d’État aux affaires étrangères en 2003. Attaché des hôpitaux de Paris, il poursuit depuis 1980 son activité de consultation au sein du service maladies infectieuses/sida du Professeur François Bricaire à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris ; il suit de nombreux patients atteints du sida.
Son engagement sans faille pour la Croix-Rouge française et son expertise de docteur en médecine le conduisent régulièrement à représenter l’association lors de réunions réunissant les acteurs humanitaires autour des problèmes de santé, notamment dans les pays du sud. Mais le Docteur Robert Sebbag n’intervient pas dans la gestion opérationnelle des actions internationales de la Croix-Rouge française.

La Croix-Rouge française est particulièrement impliquée dans la lutte contre le VIH-sida. Depuis 1998, alors que les inégalités d’accès aux nouveaux traitements entre les malades du nord et du sud apparaissaient inacceptables, la Croix-Rouge française s’est engagée ouvertement dans une politique ambitieuse d’accès universel aux soins en mettant en place en Afrique les premières structures dédiées à la prise en charge des malades : les centres de traitement ambulatoire (CTA). Un CTA est une structure relevant des établissements gérés par le ministère de la santé. L’ensemble de son personnel est national et détaché par le ministère de la santé du pays d’accueil. La Croix-Rouge française intervient au travers d’une convention signée avec le ministère de la santé qui lui délègue la gestion de la structure pour une période donnée.
Depuis 1998, la Croix-Rouge française a géré 15 CTA dans 9 pays africains et au Cambodge, qui ont bénéficié à 170 000 patients dont 42 000 sous traitement antirétroviraux.
La Croix-Rouge française rappelle également que l’approvisionnement en médicaments et réactifs de laboratoire des CTA ne relève pas de sa responsabilité : dans chaque pays, une centrale d’achat nationale met ces produits à disposition des CTA en fonction de leur consommation. Dans certaines situations de faiblesse de la centrale d’achat, un Gouvernement peut déléguer certains achats à la Croix-Rouge française, comme c’est le cas en Mauritanie et au Congo. Dans ces cas particuliers, les achats suivent la procédure interne d’achat de la Croix-Rouge française qui impose systématiquement le recours à 3 devis. La Croix-Rouge française privilégie les médicaments génériques quand ils existent et sont disponibles. Les financements sont assurés par les bailleurs de fonds internationaux tels que le Fonds Mondial ou la Banque Mondiale. L’estimation des besoins reste de la responsabilité des autorités nationales, ainsi que le choix définitif des molécules (validation systématique avant le lancement de la commande).
Enfin, les prises de décision sur la gestion des projets de lutte contre le VIH-sida sont faites au niveau de la direction des relations et des opérations internationales de la Croix-Rouge française, un chargé de projet étant dédié spécifiquement à cette thématique. Sur le terrain, l’interlocuteur privilégié est le médecin-chef du CTA (fonctionnaire de l’Etat), en lien avec le chef de délégation Croix-Rouge française. En aucun cas les administrateurs du conseil d’administration ne sont impliqués dans cette chaîne de décision.