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Edito

En marche !

juin 2010, par Pierre Chappard

La marche des fiertés est de retour. Avec elle son lot de strass, de paillettes, de costumes extravagants, de chars sonores, de mecs à poils ou à plumes, de copines en marcels ou en moustaches. Elle reste une manifestation, un jour dans l‘année pour crier dans la rue nos revendications pour l’égalité des droits. Mais c’est aussi pour nous, depuis plus de 20 ans, l’occasion d’interpeller la communauté LGBT, notre communauté, sur le VIH/sida.

Aujourd’hui, selon les idées reçues, le VIH/sida ne serait plus un problème, ce serait une maladie chronique comme les autres. Les traitements nous permettraient de vivre correctement ? On ne mourrait plus du sida ? Ca serait l’affaire du passé ? La réalité est tout autre !

Si effectivement les traitements se sont montrés efficaces pour vivre un peu plus longtemps, il n’en reste pas moins que combinés aux infections, ils accélèrent le vieillissement. Les effets secondaires sont lourds : fatigue extrême, perte de libido, diarrhées, complications cardio-vasculaires, fractures, transformation de la silhouette... Les malades sont davantage exposéEs aux risques d’infarctus, de cancers précoces, d’encéphalites, de cirrhoses…

La dernière étude sur la mortalité montrait qu’il y avait toujours 1 600 mortEs liéEs au sida chaque année. A titre de comparaison, au plus fort de la mortalité en 1997 on était autour de 4 000 décès annuels.

La précarité fait partie de la vie des malades. UnE séropo sur deux vit en dessous du seuil de pauvreté. Et ce ne sont pas les franchises médicales, le forfait à 1 euro ou la hausse du forfait hospitalier qui vont améliorer les choses alors que l’Allocation Adulte Handicapé n’est que de 696 euros maximum par mois.

Les discriminations au travail, dans la vie quotidienne, dans leur entourage sont le lot quotidien des malades, qui sont de fait, souvent isoléEs.

Mais le plus alarmant, c’est le retour au silence, le manque de visibilité des malades et l’indifférence de la communauté LGBT. La mobilisation collective et la solidarité née dans les années 80-90, semble avoir disparu, alors que les contaminations ne cessent d’augmenter et que les chiffres délivrés par la récente enquête prévagay montrent qu’à Paris 1 gay sur 5 est séropositifs et que nous sommes 7% de plus chaque année.

Comment pouvons nous encore faire comme si ça n’était plus un problème ? Comment pouvons continuer à rester impassibles devant une telle reprise de l’épidémie dans notre communauté, alors que nous avons été les premiers à nous mobiliser ?

Les campagnes de prévention font défaut depuis plusieurs années et le gouvernement est directement coupable de milliers de contaminations, mais c’est à nous aussi de montrer l’exemple et de porter un discours clair sur la prévention.

Notre communauté a le devoir d’agir de façon responsable. Elle a également le devoir d’informer les jeunes générations qui débarquent et qui n’ont pas connu les premières années de l’épidémie.

Alors oui, pour cette marche, nous sommes fierEs de dire que le sida plombe encore l’ambiance, qu’il est plus que jamais au coeur des inégalités, qu’il est l’une des lignes de fractures sociales entretenues par le gouvernement actuel. Et nous réaffirmons que pour lutter contre le sida, la condition nécessaires est de donner des droits aux minorités et replacer la solidarité au centre de notre combat et de notre communauté.