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CROI 2010

La nouvelle donne américaine

La 17e CROI à San Francisco – Premier jour

mercredi 17 février 2010

Ce mardi 16 février s’ouvre la dix-septième conférence américaine sur le VIH/sida, la CROI, à l’ombre du Golden Gate. Le programme de la conférence ne laisse pas apparaître d’événement sensationnel ou d’annonce tonitruante mais plutôt une fiévreuse ambiance de travail. Comparé aux éditions précédentes, les journées se rallongent, de huit heures à dix-huit heures, même vingt heures pour ce jour d’ouverture.

Dynamisme américain

4152 congressistes venus de 88 pays se pressent au Moscone Convention Center de San Francisco cette année avec, comme d’habitude, une écrasante majorité, 52% d’américains des Etats-Unis. Et pour cause, le président Obama ne vient-il pas d’annoncer qu’il mettait le sida dans les priorités de son agenda politique. Conséquence immédiate sur la plus studieuse des conférences sur le sida, les sessions du premier jour font la part belle à l’organisation de la recherche américaine : discussion sur l’amélioration de la méthodologie des domaines de recherche en pointe, réorganisation du programme PEPFAR (le programme d’urgence sur le sida de Georges Bush) en programme Obama, exposé du directeur de l’institut des maladies infectieuses sur le programme de recherche à venir.

Les activistes à l’honneur

La première session de la CROI est habituellement une session interactive proposée aux jeunes investigateurs. Le programme de cette session leur présente tous les sujets de recherche qui composent l’agenda du sida et les intervenants résument l’état des connaissances de leur discipline tout en indiquant les résultats présentés à la conférence. Mais cette année, une nouveauté attendait ces futurs chercheurs. En fin de session, Linda Dee inaugurait une présentation dédiée à la mémoire de Martin Delaney, un activiste américain mort du sida. Elle a proposé un tour d’horizon des relations entre activistes et chercheurs intitulée « l’engagement communautaire dans la recherche contre le sida : passé présent et avenir ». L’activiste américaine, membre du groupe ATAC (Aids treatment activists coalition) a retracé 25 ans d’activisme en collaboration avec la recherche et parfois aussi en conflits.

Etat des connaissances sur la transmission

En plénière d’ouverture, c’est George Shaw, chercheur de l’université d’Alabama, qui a eu l’honneur de la présentation à la mémoire de Bernard Fields. Spécialiste de la physiopathologie du VIH, il a passé en revue l’ensemble des connaissances sur la transmission du VIH et a mis en relation les données épidémiologiques sur le risque d’acquisition du VIH en fonction des modes de transmission avec le nombre de virus transmis. Il a ainsi fait observer que si, dans la plupart des cas, il n’y a qu’un virus transmis à l’origine de toute une lignée de virus mutant pour s’adapter à leur hôte, les contaminations par plusieurs virus sont d’autant plus fréquentes que le risque de transmission est élevé. Ainsi, la transmission d’un seul virus représente 80,60% des cas de transmission hétérosexuelle, 62% des cas de transmission dans les rapports sexuels entre hommes (il faut comprendre transmission anale) et 40% des cas de transmission chez les usagers de drogue (comprendre transmission par échange de seringue). Mais il observe aussi que dans la transmission hétérosexuelle, il doit exister d’autres facteurs limitant le risque car les données ne respectent pas les modèles statistiques.

Activisme indien

Pour clore cette première journée, Suniti Solomon a présenté non sans un certain humour le formidable travail qu’elle a pu réaliser dans son pays, l’Inde, depuis la mise en évidence des premiers cas de sida jusqu’au développement de sa clinique de prise en charge des personnes atteintes. Un travail énorme de courage et de conviction qui s’est sans cesse heurté à l’incompréhension, la stigmatisation et le déni des politiques. Elle a ainsi dû vaincre les réticences de ceux qui, au début ne voulaient pas croire que le sida pouvait exister chez eux, arguant qu’il n’y avait pas d’homosexuels en Inde et a été à l’origine de l’introduction de l’éducation sexuelle à l’école puis s’est mise à développer la prise en charge des malades indiens.