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Réduction des risques

avril 2009

Ecoutons les pourfendeurs du « dogme de la capote ». Ils prétendent s’adresser au pédé qui a abandonné la capote en lui envoyant un message préventif « individualisé », lequel tiendrait compte de ses pratiques. Qu’en est-il vraiment ?

Ils disent par exemple : « si tu ne mets pas de capote, mets au moins du gel, si tu baises sans capote, retires toi avant de gicler ». Ce message, ils l’appellent « réduction des risques ».

Mais derrière ce message il n’y a pas l’individu, le pédé qui en aurait assez de se protéger, derrière ce message il y a en réalité des statistiques et des calculs probabilistes qui hiérarchisent le risque. D’abord, s’il y a des pratiques sexuelles moins susceptibles de transmettre le VIH que d’autres, elles n’en demeurent pas moins contaminantes. Ensuite, si cette hiérarchie peut avoir un sens à l’échelle épidémiologique, elle n’en a guère au niveau individuel. Tous ceux qui furent un jour infectés par le VIH l’ont toujours été à 100%.

La « réduction des risques » se fait passer pour un pragmatisme, c’est une idéologie faite d’un bric à brac d’épidémiologie, de sens commun et d’approximations scientifiques. Une idéologie cynique qui accepte les nouvelles contaminations, la part maudite sacrifiée à la gestion de l’épidémie.

Refusant d’admettre que le fondement de leur discours est statistique, ceux qui promeuvent la « réduction des risques » en sexualité la comparent à la « réduction des risques » en toxicomanie. Mais disons le clairement, il n’y a pas de stratégie de « réduction des risques » en toxicomanie. En toxicomanie, il n’y a que des stratégies de « réduction de dommages » (harms reduction). Un dommage est une affection concrète qui a une cause, la réduction des dommages s’attaque à cette cause pour anéantir le dommage. La distribution de seringues neuves détruit toute possibilité de contamination par cette voie et s’adresse en effet aux usagerEs en tenant compte de leurs pratiques. La « réduction des risques » (risk reduction) ne joue pas sur les causes, elle joue sur des variables. Puisque le risque est un accident dont on évalue la probabilité, les stratégies de « réduction des risques » veulent faire infléchir cette probabilité sans toutefois l’anéantir.

Jeu savant de calculs et de statistiques, on ne dira jamais assez que la « réduction des risques » s’intéresse plus aux chiffres qu’aux pédés.