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Edito

samedi 3 février 2001, par Didier Lestrade

La première action de rentrée d’Act Up-Paris, le mercredi 2 octobre, ne fut pas seulement une manifestation de colère pure. En envahissant l’Académie de Pharmacie, nous demandions la démission du Pr. Albert German, son président, pour qui le virus HIV "a eu le génie de s’attaquer [aux homosexuels et aux toxicomanes], qui sont responsables de la mort d’hémophiles ou de transfusés (…) et des millions de morts à venir".

Mais nous voulions aussi montrer que des personnes attaquées pouvaient se défendre et réagir directement, alors que le ministre de la Santé se dit lui-même "impuissant". Par son soutien total aux propos du Pr. German, par la façon dont elle a même surenchéri, l’Académie de Pharmacie a pris la responsabilité d’une position qui, légitimement, ne peut que révolter les premiers concernés par l’épidémie de sida : les homosexuels et les toxicomanes. Elle méritait donc une action d’éclat et toute notre colère.

A travers cette action, comme à travers toutes nos manifestations, nous voulions établir un symbole. Il existe désormais une nouvelle donne militante. Les malades refusent qu’on les maltraite, qu’on utilise leur désarroi pour les accabler de crimes qu’ils n’ont pas commis. Tous les séropositifs et tous les sidéens sont innocents, quoiqu’en dise German, et quoiqu’en dise l’Eglise, dont il est aussi question dans ce nouveau n° d’Action. Nous avons le droit et le devoir de réagir. Plus que jamais, nous exigeons la démission de Pr. Albert German et des excuses publiques. Nous exigeons que la Faculté de Pharmacie n’accueille plus dans ses locaux une Académie qui se moque des règles de la déontologie médicale et qui bafoue la dignité des malades. Nous exigeons une condamnation claire de la part de l’Ordre des pharmaciens.