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Dossier de Presse

Act Up-Paris et AIDES défileront ensemble pour appeler les gays à sortir le sida du placard

Marche des fiertés LGBT 2008

jeudi 26 juin 2008

Événement incontournable de visibilité des communautés Lesbiennes Gais Bis et Trans (LGBT), la marche des fiertés LGBT est aussi un rendez-vous essentiel de la lutte contre le sida. Face à une situation où l’épidémie se poursuit de façon inquiétante, Act Up-Paris et AIDES, deux des principales associations françaises de lutte contre le sida, défileront pour la première fois ensemble, derrière le mot d’ordre : sortons le sida du placard.


Mise à jour du 4 juillet 2008 : Une vidéo et un portfolio du cortège commun d’Act Up-Paris & AIDES est disponible ici.


La communauté gay vit plus que jamais avec le VIH.

Le recours au dépistage y est beaucoup plus développé que dans n’importe quel autre groupe de la population générale. Quant à la protection systématique des relations sexuelles, elle concerne près de deux tiers des gays, soit une part beaucoup plus importante que chez les hétérosexuels. Malgré cela, les contaminations par le VIH parmi les gays se maintiennent à un niveau anormalement élevé, toutes tranches d’âges confondues : en 2006, elles représentaient près de 30 % des nouvelles découvertes de séropositivité. Aujourd’hui, en France, 1 gay sur 5 est séropositif.

Dans nos vies sociales, affectives et sexuelles, nous sommes tous touchés de très près par le VIH.

Il n’y a jamais eu autant de séropositifs parmi les gays, pourtant, l’invisibilité de l’épidémie s’est installée dans la communauté : on n’y parle plus que marginalement du sida, qui pourtant structure une partie des relations entre les individus, on n’y dévoile que trop peu son propre statut sérologique, de peur d’y être stigmatisé ou mis à l’écart, on n’y semble plus solidaire avec les conditions de vie des séropositifs.

Contre la mise au placard de l’épidémie.

Face à cette situation, Act Up-Paris et AIDES défileront ensemble pour alerter sur la situation préoccupante de l’épidémie aujourd’hui et porter publiquement la nécessité d’une remobilisation collective des gays. Et ce d’autant plus que l’Etat est particulièrement défaillant, tant en matière de prévention qu’en matière de reconnaissance de cette communauté. La communauté gay a été la première à s’organiser pour faire face à l’épidémie du sida : avec des parcours, des modalités et une relation à la communauté très différents, nos deux associations incarnent, avec d’autres, cette mobilisation. Cette réponse communautaire a besoin aujourd’hui de trouver un nouveau souffle.

De points de vue différents, et au-delà de nos divergences, nous appelons les gays à une remobilisation massive. Nous voulons rappeler que le sida n’est pas une fatalité et que chacun peut et doit faire barrière à la propagation de l’épidémie. Nous voulons rappeler que pour lutter contre le sida, il faut remettre la parole et le débat au coeur de nos relations : parler de son statut sérologique et celui des autres, parler de sa sexualité et de ses pratiques de prévention.

Aujourd’hui, il est plus que jamais nécessaire de retrouver l’engagement individuel et la capacité collective à endiguer l’épidémie. Et de faire front commun. Séropos, séronegs, on vit tous avec le VIH, sortons le sida du placard !


SOMMAIRE

  • Annexe
     Documents de référence

Aujourd’hui, en France, 1 gay sur 5 est séropositif

 Données épidémiologiques

Dans les publications de l’InVS, les chiffres annoncent environ 15 % des homosexuels séropositifs. Et ce, de manière sensiblement récurrente à travers le temps et les études
Cf. enquête Presse Gay 04, Baromètre Gay 05, ou Net Gay Baromètre 06, en annexe.

Dans ces études, en plus des 15 % de déclarations de séropositivité au VIH, il est fait mention qu’environ 6 % des répondants ne sont plus certains d’être séronegatifs, et que près de 15 % des répondants ne connaissent pas leur statut sérologique. Voilà pourquoi nous estimons qu’aujourd’hui 20% d’homosexuels sont touchés par le VIH, soit 1 sur 5.

Ce constat est d’autant plus vrai en métropole et dans les grandes villes, là où il y a le plus de gays, mais aussi le plus de séropos. Il nous semble d’autant plus juste d’intégrer la part de "séro-interrogatifs" et "séro-sceptiques", alors qu’on sait que la moitié des contaminations se font avec un partenaire primo-infecté, qui généralement ignore son statut sérologique au moment de la prise de risque.

L’invisibilité de l’épidémie s’est installée dans la communauté

 Témoignages

Le sida ne faisait pas partie de ta vie ? Je ne le voyais pas physiquement. Personne n’en parlait autour de moi, et pourtant j’étais dans le milieu gay, et particulièrement dans un entourage qui vivait comme si cela ne le concernait pas. Avec mes amis, les associations où j’étais, on n’en parlait pas. Jamais une personne ne m’a dit qu’elle était séropo. Je pense que pour beaucoup, ce n’est pas que cela n’existait plus mais que cela concernait la génération précédente. Il y avait, comme aujourd’hui, un déni. Quand j’ai appris que j’étais séropo, je me suis senti super seul. Je n’avais personne pour en parler. Je ne connaissais pas de séropos, je pouvais en côtoyer bien sûr, mais sans le savoir.

As-tu déjà souffert de discriminations ? Dans mon précédent emploi, je devais cacher mon homosexualité, c’était très pesant. On travaillait en open space et il y avait toutes ces discussions, où c’était clair que le style de vie homosexuel n’avait pas sa place. J’en suis même arrivé une fois à mentir et à m’inventer une copine hôtesse de l’air. Ça m’a suivi pendant deux ans. J’ai quand même fini par dire qui j’étais et j’ai même monté une association de visibilité. Et puis sur le VIH, un peu après avoir monté l’association, j’ai proposé d’intégrer la question du VIH dans les activités. Une grande majorité des membres de l’association, m’a répondu : « non, on ne va pas commencer par ça, c’est négatif ça va donner une mauvaise image. ». Ça souligne vraiment le déni et cela ne m’a pas donné envie de dire que j’étais séropo, et pourtant j’étais dans une phase ou je voulais être totalement accepté, donc le dire, ne plus se cacher, ou mentir sur soi. Mentir au sein de ma communauté, qui pourtant est vraiment concernée par le sujet, c’est vraiment insoutenable.

  • Extraits de la préface - Christian Saout

[...]Le deuxième obstacle sur la route d’une bonne vie gay, c’est évidemment la persistance de l’épidémie de sida au sein de la communauté. Spécialement en France : on annonce le chiffre de 15 % de prévalence. Ce qui est énorme. Et dissimule probablement dans certaines régions des prévalences plus élevées. Rencontrer un gay, le désirer, avoir avec lui une vie affective et sexuelle, c’est donc souvent maintenant rencontrer, désirer, et aimer une personne séropositive.
Mais que font les gays de cette donnée nouvelle dans la vie de leur communauté ? Ils considèrent fréquemment que le combat contre l’épidémie est une affaire collective remise entre les mains des seules associations de lutte contre le sida. Les gays eux-mêmes, pris individuellement ou au sein de leurs associations identitaires, se préoccupent peu de mener ce combat. Certains le font, heureusement, en lien avec AIDES.
Pourtant, en préfaçant ces Actes des États généraux des gays séropositifs, pour témoigner de ce que j’y ai entendu, je ne peux qu’appeler à un sursaut des gays partout où ils sont, pour inventer les formes actuelles d’un combat qui doit constituer pour eux une ardente obligation si la notion de communauté à laquelle ils se déclarent attachés a encore pour eux un sens militant et ne reste pas une simple évocation commode pour se démarquer sur le marché moderne de la catégorie des égotistes !
Venez à AIDES, militons ensemble, vivons ensemble les solidarités qu’exige le sentiment d’appartenance à une communauté plus touchée que d’autres !

  • Ma place dans la ou les communauté(s) gay
    Témoignages et propos entendus [page 103]

La communauté gay, c’est quoi ? Les séropos en font-ils partie ?
« Y a -t-il une seule communauté ? Plusieurs ? Pour moi il y a une communauté plurielle avec une orientation affective identique et des sous-communautés diverses. Par contre il n’y a pas de sous-communauté séropo. Ce qui m’importe, c’est de trouver ma place. » ; « Pour moi, une communauté doit partager des choses communes. Les séropos doivent être plus présents, mais les gays ne veulent pas les voir, ni parler du sida. »

La communauté ou le milieu gay sont très souvent évoqués comme un lieu de discrimination et de stigmatisation.
« Je n’ai plus ma place dans la communauté gay. La communauté gay, le Marais, c’est à mourir. » ; « Quand je pense à la communauté et à ma place, c’est mon âge qui vient en premier, puis ma condition sociale et en troisième, ma santé. Moi je n’existe pas dans le Marais. On se fout de savoir si je suis homo et/ou séropo, je suis un consommateur et rien que ça. » ; « Je me sens minoritaire (malade) dans une communauté minoritaire. C’est à moi de m’affirmer dans cette communauté, mon “handicap” est quelque chose en plus. » ; « Je me suis tourné vers la communauté gay mais je suis mal à l’aise car il faut être éternellement jeune et physiquement en forme. »

Faut-il des sous-communautés ? Et faut-il une sous-communauté de gays séropos ?
« Dans le milieu SM j’ai trouvé ma place. Il y a possibilité de parler et d’échanger, contrairement au milieu gay “traditionnel”. Être vieux et séropo, c’est la double peine. C’est la même chose pour la communauté “bareback”. Il n’y a plus de solidarité envers les personnes séropositives. » ; « Je m’épanouis dans le milieu SM qui est plus ouvert. » ; « Maintenant, je pense qu’il faut construire une communauté gay séropositive. Ici on entend des gens seuls face au VIH. Ils doivent devenir militants auprès des gays. » ; « J’aimerais que la communauté séropo soit plus présente dans le Marais. »

Les conditions de vie des séropositifs

 Témoignages

Au jour le jour, c’est quoi d’être séropositif ? Prendre des cachets déjà. Mettre des capotes avec son mari séropositif. Avoir des diarrhées incontrôlées de temps en temps, moins depuis la nouvelle formulation du Kaletra®, mais quand même, c’est faire attention à ce que je mange, s’il y a des toilettes pas loin. Se tenir au courant de l’actualité thérapeutique. Et c’est se sentir partie prenante d’un combat.

As-tu déjà souffert de discriminations ? Comme tous les séropos, j’ai eu des problèmes avec des dentistes. Il y a aussi sûrement des choses qui ne se sont pas faites parce que je suis séropo et/ou homosexuel. Et puis il y a eu aussi du rejet dans la famille, pas ma proche famille.

    • Le « confort » des malades du sida
      Fin du 100% pour les ALD : l’Etat déclare la guerre aux malades

Les récentes annonces du directeur de l’Assurance Maladie préconisent de ne plus rembourser qu’à 35% certains médicaments des patients souffrant d’Affections Longue Durée (ALD). Le gouvernement a beau s’en dédire, il s’agit bien là d’un ballon d’essai pour aller un cran plus loin dans le démantèlement des droits des malades. L’argument prétendant que ne seraient touchés que les traitements de confort est tout simplement indécent face à la réalité de la vie des malades.

  • Réaction de Fred Bladou, séropositif depuis 23 ans, sous traitements ARV depuis 1996, invalide de niveau 2, précaire et en colère :

« Les médicaments dits « de confort » ne seraient donc plus remboursés qu’à hauteur de 35% au lieu des 100% actuels. Mais qu’est ce qu’un médicament de confort pour un malade du sida ?

 Un anti-diarrhéique tandis que la plupart des traitements anti-rétroviraux provoquent nausées et diarrhées aigües, souvent reconnues comme effets secondaires majeurs entraînant une incapacité à travailler ?

 Les traitements préventifs aux maladies cardio-vasculaires ou hépatiques alors même qu’aujourd’hui les séropositifs développent de façon précoce des infarctus, des troubles hépatiques graves, des cancers ?

 Les anti-dépresseurs ou anxiolitiques qui nous aident à affronter notre condition de malade au long cours au pronostique final incertain ?

 Les anti-douleurs qui soulagent les rhumatismes ou les ostéoporoses provoquées par les traitements ?

La majeure partie des personnes vivant avec le VIH ignore le confort matériel. 30% d’entre nous vivent en-dessous du seuil de pauvreté. 22% sont en situation de handicap ou d’invalidité, ne percevant que 628,10 € mensuels. 30% ne bénéficient pas d’un logement décent. Les mutuelles privées, que le gouvernement propose de substituer à l’assurance maladie nous sont financièrement inaccessibles.

Nous, malades, vivons les attaques (franchises médicales, déremboursements de médicaments, etc.) que Nicolas Sarkozy et son gouvernement portent au système de santé solidaire comme une insulte à notre dignité. Les mesures proposées contribuent à l’appauvrissement des plus malades, des exclus, des précaires.

Il nous est aujourd’hui, difficile de nous loger, de nous nourrir. Il nous sera difficile également de nous soigner si les mesures injustes que le gouvernement fomente sont mises en place. Celui-ci portera la responsabilité d’avoir assassiné les malades du sida au nom d’une prétendue raison économique. »

L’Etat est particulièrement défaillant

 Points de vue

« A ceux qui parlent d’échec de la prévention, nous affirmons que nous sommes en réalités confrontés aux limites de la prévention telle qu’elle est menée aujourd’hui en France chez les gay. On estime, en France, qu’environ un gay sur cinq est porteur du virus. L’importance de la prévalence de l’épidémie explique en grande partie le nombre des contaminations. Si le nombre de personnes infectées était comparable chez les hétérosexuels la progression de l’épidémie serait bien pire encore que celle que l’on observe actuellement chez les gays. Mais c’est sans compter encore avec la durée de l’épidémie.

Le maintien de cette situation n’est pas pour autant une fatalité. Depuis plus de vingt ans, la lutte contre l’épidémie a largement reposé sur une mobilisation communautaire. Qui s’étonnera qu’elle puisse s’essouffler après tant d’années alors même que le sida ne semble plus une priorité ni pour les pouvoirs publics ni pour la société. Qui peut croire qu’une politique efficace de prévention puisse se limiter à la publication de brochures ? Alors même que l’incidence de l’épidémie chez les gays est l’une des plus importante, c’est pour la prévention gay qu’il y a en France le moins de moyens mis à disposition pour soutenir le maintien d’une réponse communautaire. »

    • Un exemple : l’homophobie latente est encore aujourd’hui un frein à la prévention.

Act Up-Paris condamne la décision du Bureau de vérification de la publicité de censurer une campagne officielle de prévention contre le VIH (communiqué de presse, 19/12/07)

Au-delà de nos divergences

 Points de vue

    • Rachel Easterman-Ulmann, co-présidente d’Act Up-Paris :
      « Cette année nous avons décidé de nous unir pour envoyer le signal le plus clair et le plus fort possible que l’union fera notre force face à l’épidémie. Que la prévalence du VIH, si importante dans la communauté gay, n’est pas une fatalité et que nous devons trouver touTEs ensemble les moyens de parler de séropositivité, de repenser la prévention, de combattre le sida. »
    • Bruno Spire, président de AIDES :
      « Act Up et AIDES sont deux associations issues des mêmes communautés qui désirent une transformation de la société pour une meilleure prévention, un accès aux soins pour tous et une prise en charge globale. Elles prônent toutes les deux les valeurs communautaires. Elles rejettent toutes les deux toutes les formes de stigmatisation : sexisme, xénophobie, toxicophobie, sérophobie, homophobie. C’est en se battant ensemble sur ces valeurs communes que nous dialoguerons plus et mieux avec l’ensemble des gays pour trouver les meilleures solutions possibles aux besoins de prévention de la communauté. »
    • Aides veut "pacifier les relations interassociatives" : interview de Bruno Spire dans Le Journal du Sida (N°203, 2008/02-03). Extraits :

Ce besoin s’était fait sentir lorsque vous étiez en Rhône-Alpes-Méditerranée, avec la réduction des risques sexuels chez les gays ?
C’est un bon exemple. On a bien entendu les contre-arguments qui avaient été développés, et on se sentait un peu désemparés, parce qu’il n’y avait pas beaucoup d’équipes de recherche qui nous aidaient sur la questions.

Quel bilan faites-vous de cette expérience ?
C’est un exemple où la désunion associative a abouti à une guerre institutionnelle, au lieu d’un débat sobre et serein. Des personnes d’Aides et d’Act Up en ont fait une querelle d’association à association, alors qu’on peut débattre de cela exactement comme de l’indication d’un médicament. Travailler à se rapprocher entre associations va permettre d’aborder ça de façon sereine, en cherchant quel scientifique peut nous aider sur ces questions.

Vous pensez pouvoir arriver à un discours de prévention uni avec Act Up ?
Oui, pace que je crois qu’il y a une volonté des deux associations de faire en sorte que la recherche nous aide. Même si on peut avoir des idées a priori, on est capable de faire des hypothèses, d’accepter d’expérimenter, puis d’évaluer les résultats. Avant, si une idée venait de Aides ou d’ Act Up, on en faisait des combats de structures...

Vous voulez aussi favoriser la « dicibilité » de la séropositivité...
C’est aussi un axe que je voudrais qu’on développe. Nos dernières campagnes sont plutôt autour du thème de l’entendabilité, car il faut déjà que la société soit prête à entendre les personnes atteintes [...].

En quoi l’approche communautaire est-elle encore adaptée à l’époque, ou en quoi doit-elle être corrigée ?
A l’époque de Daniel Defert, l’approche communautaire s’est faite dans la douleur parce qu’il fallait l’inventer et parce qu’on était très combattus par l’approche professionnelle [...] Je dirais que ce qui aujourd’hui, politiquement, fait bouger, c’est l’approche communautaire.[...].

    • Pride is my girlfriend, édito Action 113, Marjolaine Dégremont & Rachel Easterman-Ulmann, co-présidentes, Act Up-Paris. Extraits :

[...]« Face a ce quotidien, il y a le choix très simple et radical d’être soi aux yeux du monde. Être pleinement. C’est soi et les autres, c’est le principe de la communauté, être ensemble pour être fortEs, où chacunE est bienvenue. Act Up est éprise de cela. C’est de là dont nous parlons, d’où nous venons, notre territoire. Être ensemble pour ne pas se résigner face au mal-être pouvant mener au suicide chez les LGBT, à la prévalence du VIH si importante chez les pédés - 1 pédé sur 5 est séropo en France - et à l’absence de chiffre tout aussi inquiétante pour les trans’. Être ensemble avec nos différences.

Être ensemble c’est le choix, ici et ailleurs, qu’ont fait Act Up-Paris et Aides. Le 28 juin, à Paris, nous ferons cortège commun à la marche des fiertés LGBT. Pour réaffirmer encore et encore la mobilisation nécessaire face à une invisibilité de l’épidémie au sein des communautés LGBT et la communauté pédé en particulier (pédés qui pourtant ont un usage du préservatif plus fréquent que le reste de la population et une bonne connaissance de leur statut sérologique, illustré par un recours au dépistage élevé). Notre communauté n’a pas appris le mot victoire, mais il n’y a pas de fatalité, de destin. Les beaux jours nous devons les construire, car personne ne le fera pour nous. Face à cette incapacité collective à se saisir de l’épidémie pour penser la manière dont elle influe sur les relations dans les communautés LGBT, voire les structure, nous devons faire front commun et sortir le sida du placard.

Act Up, Aides. 5 lettres différentes qui nous unissent, qui font et défont notre quotidien. 5 signes, et autant de choix, de joies. D’été en été, nous sommes griséEs d’être là, sous le soleil, pour faire face ensemble. »

Remettre la parole et le débat au coeur de nos relations

 Témoignage

Qu’est-ce que tu dirais à unE séroneg sur le fait d’être séropo ? Sur ma fiche de chat gay, j’avais écrit « séropo stabilisé ». 75 % des mecs qui viennent me brancher ne lisent pas cette fiche, préférant les photos. Y compris ceux avec qui je vais coucher, qui parfois la lisent après, de manière souvent douloureuse. S’ouvre alors cette discussion qui peut des fois nous apaiser. 90 % de ceux qui me désirent, et qui ont lu cette annonce de séropositivité, renoncent direct à tout échange sexuel. C’est aussi pour eux que j’ai fait ce choix d’affirmer ma séropositivité. Depuis deux ans de chat, je passe beaucoup de temps à expliquer que faire l’amour avec un séropo qui a le courage de l’afficher, c’est à son tour avoir le courage d’apprendre et de découvrir qu’il y a tellement de pratiques et de gestes dont on oublie l’importance et le plaisir. Trop de mecs ne pensent qu’à la pénétration, les pédés comme les autres, alors qu’il est simple de renoncer à une pratique pour en savourer dix autres, tout aussi jouissives. Aimons-nous comme des fous, comme des savants, comme des chiens, intensément et intelligemment.

Annexe

 Documents de référence

    • BEH (Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, édité par l’Institut de Veille Sanitaire) du 27/11/ 2007
      Numéro thématique - L’infection à VIH/sida en France et en Europe - Extraits :

 En effet, ce risque demeure très élevé chez les homosexuels masculins (29% des nouveaux diagnostics) et la prévalence du VIH y est près de 100 fois supérieure à la moyenne nationale.

 Pas de diminution des découvertes de séropositivité chez les homosexuels
La stabilisation du nombre de découvertes de séropositivité chez les homosexuels en 2006 est en soi un constat encourageant, après une période d’augmentation de ce nombre entre 2003 et 2005, dans un contexte d’augmentation des comportements à risque.
Cependant, les hommes homosexuels restent la seule population pour laquelle on n’observe pas de diminution des découvertes de séropositivité et la seule pour laquelle l’âge moyen au diagnostic n’augmente pas, signe d’un renouvellement plus important des séropositifs dans cette population. Les homosexuels restent nettement plus touchés par le VIH que la population hétérosexuelle (70 fois plus si on rapporte le nombre de découvertes de séropositivité à la population) et que les UDI (4 fois plus).
La proportion d’infections récentes (< ou = à 6 %) est toujours beaucoup plus élevée chez les hommes homosexuels (41% en 2006) que chez les hétérosexuels ou les UDI. Paradoxalement, cette proportion est stable au cours du temps, alors qu’on observe une augmentation des découvertes au stade de primo-infection chez les homosexuels. Ceci s’explique par le fait que le nombre d’hommes homosexuels diagnostiqués dans les 6 mois après leur contamination mais qui ne sont plus au stade de primo-infection diminue, alors que le nombre de diagnostics très précoces, au stade de primo-infection, augmente. Ainsi, parmi les infections récentes, la part des primo-infections est passée de 37% en 2003 à 47% en 2006.

[Succédant au Net Gay Baromètre 2004, l’enquête dresse un portait des internautes gays fréquentant les services de rencontres en ligne et vise à circonscrire la manière ces hommes vivent leur sexualité, la prévention du VIH et des IST lors de rencontres avec des partenaires occasionnels ou réguliers.]

PROBLEMATIQUES DE SANTE ET RECOURS AUX SERVICES MEDICAUX
Cette étude devant amener à des recommandations en matière d’intervention, il semblait important de détailler certaines problématiques de santé : dépistage et situation face au VIH Sida., contraction d’infections sexuellement transmissibles et recours à consommation de certains produits psycho_actifs telles l’alcool et les drogues récréatives associées à la sexualité gay.

Le dépistage du VIH/sida
En ce qui concerne les tests de dépistage pour le VIH, 82,5 % ont déjà, au cours de leur vie, passé un test de dépistage duVIH. Dans ce groupe, 22,2 % ont passé ce test une seule fois et 60,3 % ont passé ce test plusieurs fois. Sur le plan de l’ancienneté du dépistage, le tiers (31,1 %) ont passé ce test il y a plus de deux ans, 11,7 % il y a plus d’un an, mais moins de 24 mois, 50,8 % il y a plus de 3 mois, mais moins d’un an et 6,4 % l’ont passé au cours des trois derniers mois.
Toujours parmi ces répondants ayant passé un test de dépistage du VIH au cours des 12 derniers mois, 75,6 % ont passé un seul test, 19,5 % en ont passé deux ou trois, 3,8 % en ont passé cinq ou six et 1,2 % ont passé sept tests ou plus.

Dépistage de la Syphilis
Concernant le passage d’un test de dépistage de la syphilis, le quart (24,4 %) des répondants rapportent avoir passé un test au cours des 12 derniers mois, 16 % ont passé un test il y a plus d’un an et 59,6 % n’ont jamais passé de test de dépistage de la syphilis.

Séropositivité
Un répondant sur dix (10,2 %) rapporte qu’il est infecté par le VIH.
Bien que 69,2 % des répondants se disent non infectés par le VIH, 14,7 % rapportaient ne pas savoir et 5,9 % disaient ne plus être certains qu’ils étaient toujours séronégatifs.

La contraction d’IST
En ce qui concerne les antécédents d’IST au cours des 12 derniers mois, 4,5 % des répondants rapportent qu’ils ont eu une blennorragie, 0,9 % une gonorrhée rectale, 2,6% la syphilis, 0,8 % ont été infecté par le lymphogranulome vénérien et 3,9 % ont eu des condylomes.

VIH, infections sexuellement transmissibles, où en êtes-vous ?

Vous avez majoritairement réalisé au moins une fois dans votre vie, un test de dépistage VIH.
Cependant :

 vous êtes encore 22 % à ne pas savoir où vous en êtes par rapport au VIH car vous n’avez jamais fait le test ou vous n’êtes plus certain d’être toujours séronégatif ;
 15 % d’entre vous se déclarent séropositifs, dont 25 % ont découvert leur séropositivité dans l’année.
 Au cours des 12 derniers mois, vous êtes 14 % à avoir eu une infection sexuellement transmissible (blennorragie, gonococcie rectale, syphilis, LGV, condylomes).

Quelle est votre sexualité avec vos partenaires occasionnels ?
 Plus de la moitié d’entre vous a déclaré plus de 10 partenaires dans l’année et un tiers ont eu plus de 20 partenaires.
 Vous pratiquez tous la fellation et 32 % d’entre vous ont reçu du sperme dans la bouche.
 La très large majorité d’entre vous déclare avoir pratiqué la pénétration anale avec des partenaires occasionnels, au cours des 12 derniers mois.
 Vous êtes 65 % à toujours utiliser un préservatif lors des pénétrations anales avec vos partenaires occasionnels. Vous êtes 35 % à avoir eu au moins une pénétration anale non protégée au cours de l’année.

Cette proportion varie selon votre statut sérologique :
Parmi les 35 % qui ont eu au moins une pénétration anale non protégée :
 28 % d’entre vous ne protègent pas régulièrement les pénétrations anales avec leurs partenaires occasionnels. C’est plus souvent le cas des hommes séropositifs et des hommes séro-interrogatifs ;
 70 % d’entre vous ont eu des pénétrations anales non protégées avec des partenaires dont vous ignorez le statut sérologique.