Accueil > Égalité des droits Homophobie > Journée mondiale de lutte contre l’homophobie : après la reconnaissance, (...)

IDAHO

Journée mondiale de lutte contre l’homophobie : après la reconnaissance, quels engagements ?

lundi 19 mai 2008

Après une semaine d’action, la France reconnaît enfin officiellement la Journée mondiale contre l’homophobie. Act Up-Paris espère qu’il s’en suive une réelle politique de lutte contre l’homophobie, la lesbophobie et la transphobie en France et, en particulier, une complète égalité des droits pour les personnes et les couples LGBT. Act Up-Paris s’inquiète enfin de l’application du droit d’asile pour les LGBT persécutéEs - celui-ci relevant désormais du Ministère de l’Immigration.

Jeudi 16 mai, des activistes du comité IDAHO et d’Act Up-Paris étaient arrêtéEs devant les grilles de l’Elysée, pour avoir dénoncé l’inaction de la France en matière de lutte pour les droits des LGBT au niveau international. Elles et ils ont été remiSEs en liberté après avoir passé plusieurs heures au commissariat du 8ème arrondissement de Paris.

Cette année, le thème de la journée mondiale portait sur la lesbophobie, c’est à dire sur l’aversion spécifique à laquelle sont confrontées les lesbiennes. Pour réagir face à l’invisibilisation, le déni de l’homosexualité féminine, et le mépris dont sont victimes les lesbiennes dans la vie de tous les jours, un Kiss in, co-organisé par Act Up-Paris, les Panthères roses et le comité IDAHO s’est déroulé le 17 mai après-midi (voir portfolio).

Après avoir été reçuEs à l’Elysée, la veille, par la directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy, des représentantEs d’Act Up-Paris ont été reçuEs, samedi 17 mai au Quai d’Orsay par Rama Yade, la secrétaire d’Etat aux droits de l’homme, aux côtés d’autres associations LGBT (dont le comité IDAHO, l’Inter-LGBT, HES, le PCF, la CLF, SOS homophobie) .

Rama Yade a annoncé, au nom du gouvernement français, la reconnaissance de la journée mondiale contre l’homophobie par la France (journée déjà reconnue par le Royaume-Uni, le Costa Rica récemment etc.). Les associations présentes ont demandé que cette reconnaissance se traduise par la mise en place d’une politique volontariste de lutte contre les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre impliquant l’ensemble des acteurs gouvernementaux et de la société civile.

Rama Yade s’est également engagée à proposer à ses partenaires européens, durant la présidence française de l’Union Européenne, une déclaration qui doit être présentée à la prochaine assemblée générale des Nations Unies pour appeler à la dépénalisation universelle de l’homosexualité.

Elle s’est enfin engagée à ce que des situations individuelles de violation des droits des LGBT soient dénoncées par Nicolas Sarkozy - ou les membres du gouvernement - lors des déplacements officiels dans les pays concernés. Act Up-Paris a indiqué que le gouvernement ne devait pas restreindre son intervention aux situations individuelles mais également dénoncer systématiquement les législations et les pratiques (notamment policières et judiciaires) discriminatoires envers les personnes LGBT.

Act Up-Paris accueille ces engagements avec satisfaction mais ne se contentera pas de bonnes paroles. Act Up-Paris exige en effet qu’ils soient rapidement suivis d’actions concrètes en matière de lutte contre l’homophobie en France, et en particulier d’une complète égalité des droits pour les personnes et les couples LGBT. Le gouvernement actuel n’a pour l’instant donné aucun signe tangible dans ce sens, refusant même de sanctionner les éluEs UMP qui tiennent des propos homophobes, y compris après leur condamnation par la justice.

Act Up-Paris dénonce par ailleurs, l’incapacité du gouvernement à apporter une réponse concrète aux réels problèmes que pose l’application du droit l’asile en France pour les LGBT persécutéEs dans leur pays. A cette question, il nous est souvent répondu que seul le Ministère de l’Immigration est compétent. Il n’est purement pas concevable de dénoncer les pratiques que subissent les LGBT dans leur pays, sans leur offrir une protection concrète de la France à travers une politique d’asile généreuse. Bernard Kouchner et Rama Yade contre Brice Hortefeux : qui l’emportera ?

Après le commissariat, de belles paroles... Après les belles paroles, quels actes ?