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La lenteur des organismes de santé publique et l’indifférence de l’industrie pharmaceutique compromet la santé de 10% des séropositifs pour lesquels plus aucun médicament n’est efficace.

lundi 14 juin 1999

D’après les chefs des services spécialisés dans l’infection à VIH, entre 5 et 10% des séropositifs ne répondent plus aux traitements antirétroviraux. Ils sont donc à peu près 8000 que leur système immunitaire ne protège absolument plus d’éventuelles infections opportunistes, du fait d’un taux de CD4 extrêmement bas ; certains ont d’ores et déjà développé des affections graves : tuberculose, pneumocystose, toxoplasmose, CMV, candidose sévère. La résistance du virus aux traitements actuellement disponibles sur le marché français est la cause principale de ces échecs thérapeutiques très préoccupants.

Plusieurs nouveaux médicaments américains, dans des phases avancées de développement, présentent un intérêt pour ces malades lourdement prétraités ; il s’agit de molécules ayant fait l’objet d’études sur l’homme, et pour certaines (comme l’ABT 378 [1] du laboratoire Abbott) sur le point d’être introduites dans le cadre d’essais cliniques en France. Deux ou trois de ces nouvelles molécules devraient ainsi pouvoir être simultanément mise à la disposition des séropositifs en échec thérapeutique. Mais le système actuel d’accès précoce aux nouveaux médicaments est soit trop lent, soit trop sélectif, soit indifférent.

Trop lent, c’est la critique que l’on peut faire au dispositif d’Autorisation Temporaire d’Utilisation mis en place pas l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé, qui octroie les nouvelles molécules tardivement et de manière trop espacée dans le temps, alors que ces produits doivent au contraire être prescrits simultanément.

Trop sélectifs, c’est le cas des essais cliniques organisés par l’Agence Nationale de Recherche sur le Sida dans le cadre desquels sont proposés certains nouveaux médicaments : le nombre de patients recrutés par ces essais est limité, d’autant plus que les critères d’inclusion peuvent parfois en exclure les personnes en échec thérapeutique.

Indifférente, c’est l’attitude de l’industrie pharmaceutique, qui, le plus souvent, n’ouvre ses essais cliniques qu’aux personnes naïves de tout traitement, afin d’optimiser ses résultats.

La rémission accordée par l’arrivée des antiprotéases, il y a quelques années, est dorénavant révolue. De nombreux malades régressent vers une situation qui rappelle l’époque précédant l’introduction des trithérapies. La situation est urgente, et ne peut plus se satisfaire d’un rythme routinier.

Act Up-Paris exige que l’Agence des Produits de Santé, en collaboration avec l’ANRS et l’industrie pharmaceutique, élabore dans les plus brefs délais un système d’octroi compassionnel qui réponde efficacement aux besoins des personnes en échec thérapeutique.


[1Lopinavir/r, commercialisé sous le nom de Kalétra®.