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John Marks (portrait)

février 1998

Psychiatre, le Dr John Marks est le précurseur de la réduction des risques moderne.

En 1982, il prend la direction d’une clinique spécialisée dans la prise en charge des usagers de drogues à Widnes, près de Liverpool. Il y pratique la prescription d’une large gamme de drogues, dont l’héroïne, la cocaïne et les amphétamines, comme l’autorise la législation britannique. À partir de 1985, John Marks va plus loin : il développe la distribution et l’échange de seringues stériles et associe les usagers eux-mêmes à cette expérience de « harm reduction ». En 1990, il peut se féliciter de résultats exceptionnels : « (...) Grâce à la distribution gratuite et médicalement contrôlée d’héroïne, et à une politique de suivi médical et d’accompagnement psychologique, nous avons réussi à maintenir à zéro - je dis bien à zéro - le taux d’infection de nos clients par le VIH. Par ailleurs, le nombre de délits dans lesquels ils sont impliqués à baissé de 93%, d’après les chiffres officiels de la police. Plus surprenant encore dans les deux villes où nous sommes installés, l’incidence des nouveaux cas de toxicodépendance représente maintenant moins de 12% du taux moyen constaté dans le reste de la région ». Malgré ces résultats sans équivalent « l’expérience de Liverpool » sera entravée par le gouvernement Thatcher : incompatible avec l’idéologie prohibitionniste promue sous pression américaine, elle a été amputée de deux de ses trois centres.

Aujourd’hui, John Marks tire les leçons de son travail. Fort de sa pratique et de ses résultats, il dénonce les conséquences sanitaires, économiques et politiques de la prohibition et critique les insuffisances des systèmes de réduction des risques exclusivement centrées sur des produits de substitution, comme c’est le cas en France. John Marks n’en fétichise pas pour autant l’expérience de Liverpool : convaincu que la distribution médicalement assistée qu’il pratiquait lui-même est la forme déguisée d’une légalisation nécessaire, il plaide aujourd’hui pour un système de « disponibilité contrôlé » fondé sur le contrôle de la qualité des produits, l’organisation de leur distribution et le développement d’une politique d’éducation publique.