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sida : l’Etat encourage la contamination des femmes et des enfants

octobre 2000

Depuis un certain temps, la situation de la procréation entre couples sérodifférents est préoccupante. La France, en retard par rapport à certains de ses voisins européens, ne donne aucune possibilité à ces couples d’accéder à l’assistance médicale à la procrétion (AMP) hormi le cas de deux protocoles, mis en place par l’ANRS pour les couples dont l’homme est séropositif, qui furent rapidement clos, en raison des nombreuses demandes. La seule possibilité qui est dès lors laissée aux couples est une procréation naturelle, exposant ces couples à des risques de contamination.

Afin de faire cesser cette situation inacceptable et discriminatoire, non justifiée par des données médicales, nous avons entrepris des démarches auprès des pouvoirs publics français qui sont restées, à ce jour, sans réponse. Un bref aperçu de notre combat pour obtenir l’instauration d’une AMP généralisée vous est donné par la lettre que nous avons adressé à différentes instances publiques (Ministère de la Santé, DGS, etc.), ainsi que par l’encart de protestation que nous allons rapidement publié.

Des centaines de couples, dont l’homme est séropositif et désirant un enfant, sont aujourd’hui dans une impasse. S’ils veulent faire un enfant, c’est à leurs risques et périls : la femme et l’enfant peuvent être contaminés. En effet en France, du fait d’un arrêté ministériel, l’Assistance médicale à la procréation (AMP) pour ces couples n’est possible que dans le cadre de deux essais mis en place par l’Agence Nationale de Recherche contre le Sida (ANRS) à Toulouse et à Paris. Ces essais proposaient, outre des critères d’inclusion stricts, un nombre de places extrêmement limité (120 inclusions dans les deux essais), et l’inclusion est depuis longtemps terminée.

Alors que dans d’autres pays européens, tels que l’Italie, l’Espagne ou la Belgique, les structures médicales accueillant des couples sérodifférents existent depuis plusieurs années, les pouvoirs publics français se réfugient derrière ces essais en cours pour ne rien faire. Or, rien ne justifie l’attentisme des pouvoirs publics français, si ce n’est des considérations d’ordre économique.

Les données recueillies dans les autres pays européens démontrent que l’AMP présente un risque de contamination proche de zéro. A titre d’exemple, l’équipe italienne du Professeur Semprini a pratiqué près de 2.000 inséminations, donnant lieu à environ 350 naissances, sans qu’aucun cas de séroconversion ne soit intervenu. De plus, il existe à l’heure actuelle un consensus du corps médical français pour considérer que les méthodes de sélection de sperme sont au point, et représentent un risque quasiment nul tant pour la femme séronégative que pour l’enfant à naître.

En refusant l’accès de ces couples à la procréation par l’AMP, l’Etat français les encourage à prendre des risques en leur laissant comme seule possibilité de baiser sans capote.

Cette situation est inacceptable et c’est pourquoi Act Up-Paris exige :
 la modification de l’Article 1.2.4 de l’arrêté ministériel du 12 janvier 1999, qui limite l’autorisation de proposer une AMP aux couples sérodifférents,
 la mise en place d’un agrément spécifique relatif à l’AMP pour des couples sérodifférents dont l’homme est séropositif,
 le déblocage des crédits nécessaires à l’équipement d’au moins 5 centres agréés en France, ce qui permettrait dès aujourd’hui d’intégrer les couples en attente.