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édito

novembre 2002

Le 1er décembre s’est déroulé sous la pluie. Signe du temps ? Le climat politique ne nous donne pas beaucoup d’espoir quant à l’avenir.

En juillet 2003, se tiendra pourtant à Paris, la 2ème conférence de l’International Aids Society, conférence qui se veut être le pendant plus ouvert de la CROI. Cette conférence sur la pathogenèse et les traitements du VIH sera organisée par l’Agence Nationale de Recherche sur le sida. Or l’avenir de cette institution est au cœur de l’actualité. L’ANRS est un Groupement d’Intérêt Publique, créé en 1988, pour faire face à l’épidémie de sida qui explosait. Elle est missionnée pour 3 ans, mais les derniers renouvellements ne sont pas automatiques. L’actuelle mission de cette agence prend fin, en décembre 2003, mais la décision de sa poursuite ou de son arrêt est à l’ordre du jour. Les ministères de tutelle, que sont la Recherche, la Santé et les Affaires étrangères, ainsi que les directions de l’INSERM, du CNRS et de l’institut Pasteur, se sont réunis très récemment pour donner l’orientation du GIP, pour débattre de sa structure et de son objet. Le fruit de cette concertation aboutira à une convention qui sera transmise ensuite au ministère des Finances pour décider du budget. Ces détails un peu techniques permettent cependant de mieux comprendre les tenants et les aboutissants de l’avenir de l’ANRS.

Les associations de lutte contre le sida sont très attachées à ce partenaire et sont inquiètes pour son avenir, car son renouvellement ne va pas de soi. On peut comprendre qu’une volonté de réorganisation de la recherche en France, soit dans l’air. Nombreuses et variées sont les structures de recherches. Mais tout remettre à plat et réintégrer l’ANRS dans l’INSERM, sans tenir compte des avancées qu’elle a apportés serait risqué. Cette agence a démontré toute l’efficacité d’une structure unique et multi-opérationnelle.

Pour justifier la refonte de l’ANRS dans le giron de l’INSERM, le contexte épidémiologique est mis en avant. Certes l’épidémie a changé de visage, depuis quelques années elle est devenue pandémie. Les traitements sont arrivés au Nord, mais être sous tri ou quadrithérapie, c’est vivre sous l’influence d’une chimiothérapie journalière. Que vont donner ces traitements à long terme ? Le VIH trouve rapidement des parades aux antirétroviraux, comment envisager de lutter contre le virus lorsqu’il sera venu à bout des molécules disponibles ? La coinfection VIH / hépatites se pose de façon de plus en plus crucial, et pourtant on en sait encore si peu. Pour faire avancer ces dossiers, la dynamique d’une agence unique est essentielle.

Enfin, au niveau international, l’ANRS a une place de plus en plus prépondérante. Sa mission en recherche clinique, thérapeutique, fondamentale et en santé publique, est reconnue, en particulier, grâce à ses publications qui la place au 3ème rang mondial. Présente dans les pays en développement, l’ANRS y a consacré 25% de son budget pour 2002.

Près de 15 ans ont été nécessaires pour atteindre ce niveau. Nous n’accepterons pas de revenir en arrière.