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Edito

jeudi 2 mars 2006

Quoi de neuf à la CROI ? La treizième édition de la célèbre conférence américaine sur le sida et l’infection à VIH a été comme les autres, pleine d’innombrables petites choses qu’il faudra beaucoup de temps et de patience pour revoir, analyser et en tirer les enseignements utiles. Mais c’est aussi un moment magique où le monde du sida se rencontre. La convivialité aussi fait partie de la conférence. Se retrouver après des mois où seuls les échanges épistolaires nous réunissaient, c’est aussi important que de découvrir les travaux de tel groupe ou les synthèses de tel spécialiste. De tous ces travaux, nous en avons fait des résumés quotidiens que l’on peut lire sur le site d’Act Up. De même, nous en publirons de larges extraits dans les colonnes du prochain numéro. La recherche sur le sida et l’infection à VIH ne ralentit pas. De nouvelles avancées sont nécessaires afin d’améliorer toujours la prise en charge des malades mais aussi de trouver de nouvelles pistes pour limiter l’extension de l’épidémie. Des nouvelles molécules, des moyens de combattre les complications, du nouveau sur la compréhension de l’infection à VIH mais aussi sur les hépatites, des solutions pour aider à la prévention mais aussi des bilans sur les 25 ans du sida, les 20 ans des traitements ou les leçons de dix ans de trithérapie, voilà la moisson de cette année. Nous ne manquerons pas de transformer cela autant que possible en information, conseils et réunions publiques afin de vous informer des dernières avancées.

Dans cette douce euphorie, nous retrouvons le quotidien parisien, celui de nos réunions actuelles avec les instances chargées de mettre en œuvre la réforme de la sécurité sociale. Et que constatons nous ? La prise en charge à 100 % des séropositifs dans le cadre de l’affection de longue durée est en péril. Les médecins ne savent pas remplir les nouveaux formulaires et ne semblent pas décidés à le faire comme en témoigne le récent communiqué de presse du Syndicat des médecins libéraux (SML), déclarant que les médecins traitants ne disposent pas, aujourd’hui, des informations leur permettant de remplir les papiers exigés par la Sécurité sociale. Depuis l’année dernière, nos associations n’ont eu de cesse de prévenir la CNAM de ce qui arrive aujourd’hui : dans le cas de personnes gravement malades, atteintes de pathologies complexes, la prise en charge médicale des malades du sida ne peut pas se résumer en 3 lignes sur un formulaire administratif rempli par un médecin généraliste. Pourtant nos interlocuteurs des administrations se montrent plus sourds et rigides que jamais, persuadés qu’un bon malade est avant tout et surtout un malade bien administré.

On ne cesse de nous le répéter, la santé a un prix. Si nous ne nous défendons pas, bientôt la solidarité du système de l’assurance maladie ne sera plus qu’un mythe. Si nous n’y prenons garde, notre enthousiasme de retour de conférence ressemblera à celui des pays du tiers monde. Les progrès de la médecine seront réservés à ceux qui ont les moyens de se les payer.