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Les malades doublement miSEs en danger

Scherring Plough arrête un essai chez les naïfVEs

jeudi 1er décembre 2005

Le 28 octobre dernier, Schering annonçait l’arrêt d’un essai thérapeutique international visant à évaluer l’efficacité et la tolérance du Vicriviroc, une nouvelle molécule anti-VIH, chez des séropos naïfVEs de traitement [1]. CertainEs malades inclusEs dans la recherche conservaient une charge virale détectable alors qu’elle aurait dû, à ce stade du traitement, être indétectable [2].

Le Vicriviroc appartient à une nouvelle classe d’ARV qui bloque la réplication du virus par inhibition des récepteurs CCR5, nécessaires à l’entrée du VIH dans les CD4.

Pendant un an, nous avons mené avec le TRT-5 de dures négociations avec trois labos développant des molécules de cette classe. Nous refusions que les essais
intègrent des personnes naïves de tout traitement dont le nombre de CD4 était
inférieur à 200. En effet, des molécules efficaces et déjà validées par des essais
existent pour ces situations. Le risque de participer à un essai sur un produit dont
l’efficacité et la tolérance n’avaient été évaluées que sur 10 jours était donc trop
important.

Alors que Pfizer a choisi de poursuivre ces recherches dans des pays moins
regardants sur la sécurité des malades, GSK et Schering Plough ont accepté de
modifier les protocoles de leurs essais pour la France. Toutefois quand l’accord est intervenu, Schering Plough avait fini de recruter les 90 malades de son essai dans d’autres pays, en gardant les critères d’inclusion que nous avions remis en cause.
Ce revirement louable n’a donc pas eu d’effet sur le terrain.

Pfizer et Shering Plough mettent les malades en danger : les personnes fortement immunodéprimées, naïves de traitement, incluses dans ces essais, courent un risque disproportionné par rapport à l’intérêt de la recherche ; on leur a également enlevé une chance d’être bien soignéEs ; pour touTEs les séropos, l’arrêt d’un essai pourrait remettre en cause le développement d’une nouvelle gamme de molécules.

Nous écouter ou se vautrer lamentablement, ils avaient le choix. Cet événement
montre bien à quel point on ne peut dissocier une recherche éthique d’une recherche
efficace.


[1Les essais conduits chez des malades pré-traitéEs se poursuivent.

[2D’après le comité scientifique indépendant de l’essai, qui a eu accès aux données virologiques des participantEs.