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mariage symbolique à Notre-Dame de Paris

Les imprécisions de l’AFP donnent raison à l’Église catholique

mercredi 26 octobre 2005

À la suite de la dépêche publiée par l’AFP mardi 25 octobre indiquant le dépôt d’une plainte par Patrick Jacquin, recteur de Notre-Dame, contre Act Up-Paris et 4 de ses militantEs, nous avons fait parvenir à l’agence un courrier.

Paris, le mardi 25 octobre 2005

Objet : Dépêche de l’AFP du 25 octobre 2005, signée lch / sst / dv

Madame, Monsieur,

Nous souhaitons que l’AFP revienne aujourd’hui sur la dépêche envoyée, concernant la plainte que Patrick Jacquin, recteur de Notre-Dame, a portée contre nous au civil. Cette dépêche ne présente pas les faits mentionnés de façon contradictoire, et donne l’impression que la version du prêtre est la seule possible.

Si le texte de cette dépêche énonce clairement que la plainte a été classée sans suite, la journaliste feint d’ignorer les conséquences juridiques de cette décision : si la justice n’a pu statuer sur l’identité des auteurs des éventuelles « violences », elle n’a pas davantage pu rendre une décision sur la réalité de ces « violences » et des accusations portées contre Act Up-Paris. Pourtant, l’AFP reprend à son compte un certain nombre des propos et accusations de Patrick Jacquin. L’agence écrit ainsi : « après la parodie de mariage homosexuel dans la cathédrale qui avait suscité des échauffourées » ; « un militant de l’association homosexuelle Act Up déguisé en prêtre avait "marié" deux femmes dans Notre-Dame tandis que des manifestants scandaient : "Benoît XVI, homophobe, complice du sida" » ; « Des échauffourées avaient éclaté, durant lesquelles Mgr Jacquin avait été légèrement blessé ».

Autant d’affirmations lancées par le prêtre, et que nous contestons :
 « Des échauffourées » : il s’agit de la version des faits rapportés par Patrick Jacquin. En effet, nous avons été pris à partie et frappéEs lorsque nous sortions de la cathédrale par le service de sécurité de Notre-Dame. Nous n’avons commis aucune violence ni verbale ni physique. Il n’est donc pas possible d’écrire que des « échauffourées » ont eu lieu.
 « Des échauffourées avaient éclaté durant lesquelles Mgr Jacquin avait été légèrement blessé ». Là encore, la version du recteur prévaut à la nôtre. Patrick Jacquin n’a été frappé par aucun militant d’Act Up-Paris, il s’est laissé tomber à terre. Il aurait été préférable d’écrire « Mgr Jacquin aurait été légèrement blessé ».
 « Un militant de l’association homosexuelle Act Up déguisé en prêtre avait "marié" deux femmes dans Notre-Dame tandis que des manifestants scandaient : "Benoît XVI, homophobe, complice du sida" ». Cette description est à nouveau celle de Patrick Jacquin. Comme nous l’avons précisé après le 5 juin, le mariage symbolique s’est déroulé dans le calme, après la messe qui était terminée depuis plus de 30 minutes et aucun slogan n’a été scandé dans la cathédrale mais à l’extérieur, une fois tous les militants sortis.
 Enfin, nous déplorons que l’agence de presse s’approprie un vocabulaire abondamment employé par les plus homophobes de nos détracteurs lorsqu’elle écrit « la parodie de mariage ». Cette action était un mariage symbolique qui visait à protester contre les positions de l’Eglise catholique en matière d’égalité des droits entre homos et hétéros. Le terme de parodie suggère que nous voudrions nous moquer du mariage, alors que nous en demandons l’accès pour les homosexuels. La reprise par l’AFP de ce terme l’objective, ce qui est plus que contestable.

Cette dépêche présente une seule version des faits. D’une part, cela ne correspond pas à ce que l’on est en droit d’attendre de journalistes. D’autre part, ce texte, la reprise qu’en feront d’éventuels médias, ne manqueront pas d’avoir une influence sur le procès qui est intenté contre nous. En effet, nous sommes l’objet d’une plainte au civil où doit se mesurer le préjudice subi par le plaignant sur la base des faits qu’il nous impute. Or, en reprenant à votre compte les faits tels que présentés par Patrick Jacquin, vous cautionnez sa thèse. Je tiens à votre disposition l’assignation que nous avons reçue de la part de des avocats, dans laquelle les pièces qu’il propose aux juges sont avant tout des articles de journaux. Les textes que vous écrivez sont donc susceptibles d’être interprétés comme des pièces à conviction objectives. Vous comprendrez donc que nous nous inquiétions du peu de rigueur avec laquelle certains passages de cette dépêche ont été écrites et du fait que l’AFP donne l’impression de prendre parti dans cette affaire.

Cordialement,

Jérôme MARTIN
Président d’Act Up-Paris.