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Assurance Maladie

Des militantEs d’Act Up-Paris violemment contraintEs au silence devant Xavier Bertrand

lundi 3 octobre 2005

Après avoir manifesté ce matin à l’ouverture du Colloque du 60ème anniversaire de la Sécurité Sociale, des militantEs d’Act Up-Paris ont interpellé Xavier Bertrand pendant son discours de clôture. Ils ont alors été violemment appréhendéEs par des membres du service de sécurité qui ont fait en sorte, en les prenant à la gorge, de les empêcher totalement de parler. Il faudra d’autres gestes, d’autres méthodes pour faire taire la voix des malades face à la politique de démantèlement de la Sécurité Sociale qui s’est encore accentuée avec l’annonce de la franchise de 18 euros. Act Up-Paris reconnaît à Xavier Bertrand, à défaut de pertinence et de transparence, une réelle constance : il poursuit sa politique de restriction de l’accès à l’assurance maladie et à l’Aide médicale de l’état et s’obstine à refuser toute concertation avec les malades.

Mercredi 28 septembre, alors qu’il présentait les grandes lignes du Projet
de loi de finances de la sécurité sociale, Xavier Bertrand a passé sous
silence une des mesures importantes de ce projet : la mise en place d’une
franchise de 18 euros à la charge des malades pour les actes médicaux d’un
montant supérieur à 91 euros.

Act Up-Paris s’insurge contre cette nouvelle restriction de l’accès aux
soins des plus précaires et des plus malades. Et ce d’autant plus qu’elle
intervient dans un contexte d’incertitude pour la prise en charge à 100% des soins liés aux Affections de longue durée (ALD) telles que le sida.
En juillet 2004, Philippe Douste-Blazy et Xavier Bertrand ont imposé par un vote en urgence et sans la moindre concertation avec les associations de
malades, leur réforme de l’assurance maladie. Celle-ci a remis en cause la
prise en charge à 100% des soins liés à une ALD, notamment par :

 l’instauration d’un dispositif de coordination des soins s’articulant
autour d’un médecin traitant et dont le caractère coercitif instaure une
subordination des malades aux médecins

 la mise en place de nouveaux protocoles de soins individualisés pour les
ALD, établis sur la base de référentiels de soins que devrait élaborés la
Haute autorité de santé (HAS), restreignant les soins et traitements pris en
charge à 100 %.

Élaborée sans concertation avec les premièrEs concernéEs, cette réforme
répondait avant tout à une logique gestionnaire déconnectée de la réalité du
terrain, et sa mise en application se révèle laborieuse. Le dispositif du
médecin traitant a dû être repoussée à janvier 2006, quant aux référentiels
de soins, certains (comme celui concernant les malades du sida) ne verront
pas le jour avant 2007.

Pendant ce temps ce sont ces malades que l’on veut faire taire qui payent
les conséquences de cette réforme. CertainEs séropositifVEs se sont vu
imposer des majorations lors de consultations chez des médecins spécialistes
en raison des " dispositions prévues pour les personnes qui ne passent pas
par leur médecin traitant ou qui n’ont pas signé de protocole de soins ".
Ces consultations étaient pourtant directement liées à leur infection par le
VIH.

Sur ce même prétexte, certainEs malades atteintEs de pathologies lourdes
pourront donc se voir imposer cette nouvelle franchise de 18 euros, dés lors
que les caisses primaires d’assurance maladie estimeront que l’acte en
question n’est pas afférent à l’ALD. Cette mesure aura des conséquences
désastreuses pour celles et ceux qui n’ont pas les moyens de souscrire une
mutuelle privée. À cet égard, nous rappelons à Xavier Bertrand que nombre de séropositifVEs n’ont comme seules ressources que l’Allocation adulte
handicapé (AAH)
, et que le montant de celle-ci (599,49 euros par mois) les
exclut de la CMU complémentaire et de l’aide à l’assurance complémentaire.

Xavier Bertrand doit reconnaître aux malades leur place d’acteurs et
d’actrices du système de santé. Tant qu’il s’y refusera il restera incapable
de mettre en place un dispositif d’accès aux soins à la hauteur des enjeux
de santé publique et de la lutte contre le sida .

Comme premier gage de sa prise en considération des malades, Act Up-Paris exige de Xavier Bertrand qu’il retire son projet de franchise à 18 euros.