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Vous parlez, nous mourons

mercredi 1er octobre 2003

Communiqué de presse de PATAM (Pan-African AIDS Treatment Access Movement) daté du 24 septembre 2003.

Lors de la 13ème conférence Internationale sur le Sida et les MST en Afrique (CISMA) qui se tenait à Nairobi du 19 au 26 septembre, une manifestation et un die-in ont rassemblé plus d’une centaine d’activistes internationaLESux. Défilant en scandant des slogans à travers la conférence, ils/elles se sont arrêtéEs aux stands de différents gouvernements africains, du gouvernement américain et des laboratoires pharmaceutiques. Après l’action, une conférence de presse était organisée. Les activistes contre le sida des pays africains exigent de leurs gouvernements qu’ils prennent des mesures immédiates pour garantir la mise en place de programmes nationaux d’accès aux traitements anti-VIH/sida et atteindre l’objectif fixé par l’OMS des 3 millions de malades du sida sous traitement d’ici 2005.

Le mouvement activiste Pan-Africain pour l’accès aux traitements anti-VIH/sida (PATAM) pour touTEs ceux/celles qui en ont besoin, a salué l’annonce de l’OMS, qui déclarait le 22 septembre dernier, que : « le manque d’accès aux traitements contre le sida dans les pays en développement représentait une crise mondiale de santé publique ». Mais sans une réelle volonté politique des gouvernements, cette déclaration n’aura aucun impact. Au Kenya par exemple, 250 000 malades ont besoin de médicaments immédiatement ou bien ils/elles mouront. Or le gouvernement kenyan ne tient même pas sa promesse de mettre sous traitements 6 000 malades. Plus largement, 60 000 africainEs, moins de 1% de ceux/celles qui ont un besoin urgent de traitements y ont accès. PATAM exige que les gouvernements cessent leurs beaux discours et mettent en place de véritables actions.

En dépit des signatures de la Déclaration d’engagement de l’ONU sur le VIH/sida [1], de la ratification de la déclaration d’Abuja à l’UA [2] en 2001, la déclaration de Doha sur « ADPIC et santé publique » [3], et de nombreuses autres déclarations, l’impact sur les malades du sida a été faible sinon inexistant. Pour les activistes, tous les gouvernements doivent tenir leurs promesses inscrites dans ces déclarations. Ce qui implique que :

 les pays africains consacrent 15% de leur budget national aux dépenses de santé,

 ils produisent ou importent des médicaments génériques abordables et de qualité, même si les brevets font obstacle

 tous les pays soutiennent le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme en le finançant complètement ou en mettant en place des dispositions ambitieuses et efficaces, incluant un volet d’accès aux traitements substantiel,

 les pays riches financent à hauteur de 10 milliards de dollars chaque année à la lutte contre le sida pour les pays pauvres ;

 les droits de l’Homme soient protégés et promus par les lois nationales des pays ;

 que les gouvernements créent et mettent en place des programmes nationaux d’accès aux traitements, ce qui signifie un agenda strict d’objectifs à atteindre pour développer la prise en charge médicale des personnes atteintes ;

 que les personnes atteintes soient impliquées à toutes les étapes de l’élaboration et de la mise en place de ces programmes ;

 que les besoins et les intérêts des groupes les plus vulnérables, tout particulièrement les femmes et les enfants, soient prioritaires.

PATAM surveille et continuera à tenir les gouvernements pour responsables. Nous ne voulons plus de déclarations, nous voulons des programmes nationaux d’accès aux traitements équitables et universels et nous voulons avoir accès aux médicaments maintenant.


[1Selon l’Onusida, jusqu’à présent de nombreux pays n’ont pas atteint les engagements de l’UNGASS fixés pour 2003.

[2Lors du sommet de l’Union Aficaine les gouvernements africains se sont engagés à consacrer 15% de leur budget national aux dépenses de santé, y compris à la lutte contre le sida.

[3Lors du sommet ministériel de l’OMC à Doha en 2001, les pays membres se sont mis d’accord pour que le droit à la santé publique et l’accès aux produits de santé pour tous passent outre le droit de protection des brevets détenus par les laboratoires pharmaceutiques.