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Lutte mondiale contre le sida : la France ne tient pas ses promesses financières

mercredi 1er décembre 2004

70 % des promesses financières faites par la France il y a 3 ans, en matière de lutte mondiale contre le sida, ne sont pas tenues. Le déficit des versements internationaux s’élève à 365 millions de dollars. Alors que, l’année dernière, le sida a tué plus de 3 millions de personnes, et près de 25 millions en 20 ans, le non-versement des financements prévus bloque sur le terrain l’essentiel des tentatives visant à juguler l’épidémie.

En 2001, la France s’était engagée aux Nations-Unies sur l’objectif mondial de 10 milliards de dollars par an consacrés à la lutte contre le sida. En effet, une étude de l’ONUSIDA avait établi qu’en deçà de ce chiffre il n’était pas possible de stopper la propagation du virus dans le monde [1] .

Si l’on s’en réfère à sa richesse, la part de la France dans cet objectif devait donc être d’au moins 440 millions de dollars par an. Or, d’après les derniers chiffres de l’ONUSIDA et du Fonds mondial, la France n’a versé, en 2003, que 30 % du montant promis, avec moins de 75 millions de dollars pour le sida.

Pourtant, le 1er décembre 2003, l’OMS rappelait qu’il n’en coûterait que 3 milliards de dollars par an, soit bien moins que les sommes prévues en 2001, pour mener à bien l’opération « 3 millions de malades du sida sous traitement d’ici 2005 [2] ». Ainsi la vie de 3 millions de personnes dépend de la tenue effective par la France et les autres pays riches de leurs engagements.

Puis, le 3 mars 2004, Stephen Lewis, l’envoyé spécial des Nations-Unies pour le sida, tançait également la France et les autres pays riches en déclarant : « si le projet de l’OMS de mettre 3 millions de personnes sous traitement VIH d’ici 2005 échoue, ce qui ne manquera pas de se produire si les financements n’arrivent pas, alors il ne restera plus alors aucune excuse derrière laquelle se cacher. Il ne restera que les charniers où entasser les corps des victimes. »

Enfin le 25 juin 2004, le directeur de la Banque mondiale, James Wolfensohn, sonnait l’alarme dans un entretien donné à la China Aids Survey : « nous sommes encore très loin des 20 milliards de dollars dont le monde aura besoin chaque année à partir de 2007 afin de combattre le sida ».

En juillet dernier, à Bangkok, la conférence internationale sur le sida, avait pour mot d’ordre « Accès pour tous », en référence aux médicaments qui peuvent stopper l’hécatombe. L’OMS estime que 98 à 99 % des personnes infectées n’y ont toujours pas accès, 8 ans après leur diffusion au Nord. Douze chefs d’Etat du Sud étaient présentEs à Bangkok, dont ceux et celles de la Chine et de l’Inde où l’épidémie explose en ce moment. Des malades du monde entier étaient aussi présents ; leur message fut clair « où sont les 10 milliards de dollars promis ? » [3] .


Act Up-Paris exige :

 l’accélération du rythme de financement du Fonds mondial (au lieu de son ralentissement) ;
 le respect par la France et les autres pays européens des engagements pris en 2001 à l’ONU et au G8 de consacrer 10 milliards de dollars par an à la lutte contre la pandémie ;
 le déblocage immédiat, sous régime d’exception budgétaire, des sommes promises afin de permettre aux pays en développement de résister à l’offensive anti-préservatif et anti-génériques du programme bilatéral de George W. Bush.


[1Declaration of Commitment on HIV/AIDS, United Nations GASS, 27 juin 2001.

[3Déclaration de la 11ème conférence internationale des personnes vivant avec le VIH à Kampala, 30 octobre 2003.