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Bilan de la situation début 2005

mardi 1er février 2005

Malgré de multiples interpellations du gouvernement sur la situation des trans (transsexuelLEs et transgenres), les pouvoirs publics ont donc catégoriquement refusé (malgré des promesses verbales) d’inscrire la transphobie dans la liste des délits et des discriminations.

La transphobie est institutionnelle, elle invisibilise les trans, tout particulièrement les trans séropos et martelons-le, elle tue. Une forte pression et une mobilisation d’Act Up-Paris, en association avec le Groupe Activiste Trans (GAT), a permis une première réunion de travail entre l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (ANAES) et neuf associations et organisations trans fin septembre 2004 : cette première réunion qui consistait en un « tour de table » des problèmes et qui devrait aboutir à un « guide de bonnes pratiques médicales », n’a connu aucune suite réelle depuis cette date, et il convient de s’interroger sur les intentions réelles de cette agence.

En effet, alors même que les associations rencontraient l’ANAES, le ministère de la Santé prenait en catimini un nouveau décret intègrant « le trouble précoce de l’identité de genre » dans les pathologies psychiatriques ouvrant droit au bénéfice d’une Affection longue durée (ALD).

Pour Act Up, il s’agit d’une volonté renouvelée d’ultra pathologisation et d’ultra psychiatrisation des trans, d’un refus brutal d’intégrer les identités trans qui ne correspondent pas à la définition, dépassée et réactionnaire, de la transsexualité donnée par quelques psychiatres auto-proclaméEs, laquelle conduit certains hôpitaux, encore aujourd’hui, à n’accepter qu’à peine 15 % des demandes, et à faire subir à ces personnes une psychothérapie préalable sous contrainte d’au moins deux années (mais souvent 5 ans et plus), véritable maltraitance théorique produisant surtout une contrainte psychologique et un surcroît de souffrance.

La revendication d’Act Up et celles de la totalité des associations trans est la dépyschiatrisation des questions trans, cette sortie de la nosographie psychiatrique devant s’accompagner du libre choix des médecins et du principe, reconnu au niveau des instances internationales, de l’auto-diagnostic permettant une médicalisation choisie et respectueuse de la personne.

La psychiatrisation actuelle a des conséquences catastrophiques sur les conditions d’accès aux soins, en raison de toute une série d’effets pervers. L’accès aux traitements hormonaux n’est pas considéré comme l’accès à une transition choisie, mais comme une simple conséquence d’un « feu vert psychiatrique ». Les traitements hormonaux ne font toujours l’objet d’aucune évaluation sur les dosages et les effets secondaires, et il n’existe encore aucune Autorisation de mise sur le marché (AMM) spécifique. Aucune prise en compte non plus des effets des trithérapies sur les traitements hormonaux et inversement. Ces traitements hormonaux sont par ailleurs l’objet d’un chantage permanent des autorités pénitentiaires et policières sur les trans incarcéréEs.
Les opérations chirurgicales ou « castration génitale » sont encore obligatoires pour obtenir un changement d’état civil, ces opérations sont réalisées en France dans un contexte scandaleux de ratages en grand nombre, sans parler des dysfonctionnements ultérieurs des reconstructions génitales et de l’absence de prise en compte des facteurs esthétiques. A cela il faut ajouter qu’aucune donnée n’est actuellement disponible sur la prévalence des séroconversions dans la communauté trans.

Pour terminer ce tableau réaliste de la situation des trans, il faut ajouter le durcissement constaté sur les demandes de changement d’état civil. Près de la moitié des Tribunaux de grande instance exigent, en plus des certificats médicaux produits par les personnes concernées, une expertise judiciaire, parfois auprès de trois « expertEs » médecins. Il faut savoir que dans de nombreux cas, ces expertises constituent à la fois un viol psychologique traumatisant et un véritable racket car les tarifs exigés, parfois exorbitants, par ces médecins « expertEs » sont libres et constituent une ségrégation et une discrimination de plus.