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relation malade-médecin

mon corps m’appartient, le choix me revient

jeudi 1er septembre 2005

Incompréhension des enjeux, des procédures, des situations, négligences, voire franche hostilité... Les médecins françaiSEs entretiennent des relations parfois difficiles avec nous, malades étrangèrEs. Il n’est pas question de généraliser ces difficultés, mais de les dénoncer : elles peuvent avoir des conséquences graves sur notre suivi médical.

Les rapports médicaux occupent une place centrale dans la procédure administrative de « régularisation pour soins ». Pourtant, nous constatons que de nombreux freins subsistent côté médecin. Les délais exigés par certainEs (parfois plus d’un mois) montrent qu’elles et ils ne perçoivent pas que ce laps de temps s’ajoute au traitement administratif du dossier, aux divers rendez-vous en préfecture, et qu’ils, elles participent ainsi à nous maintenir dans une précarité administrative et sociale incompatible avec notre état de santé.

Des médecins
nous délivrent des certificats médicaux du bout des doigts

Une très forte incompréhension de la part des médecins sur leur rôle au sein de cette procédure subsiste. CertainEs établissent peu consciencieusement ces certificats, ne reprennent pas exactement la terminologie demandée par les préfectures ou ne donnent pas tous les éléments médicaux nécessaires, et nous exposent ainsi à des refus d’instruction ou de séjour. À l’inverse, d’autres sont très frileuxSES à l’idée de s’engager dans une démarche de demande de séjour, sans comprendre qu’il ne leur est demandé que de faire état du diagnostic, du traitement suivi, des perspectives d’évolution de la maladie... En évaluant mal leur rôle sans maîtriser pleinement les termes de la loi, des médecins ont pu refuser d’établir ces certificats ; particulièrement suite à un premier refus de la part de la préfecture.

Des médecins
ignorent nos difficultés quotidiennes

La lutte contre sida a permis de remettre en cause le pouvoir exercé généralement par le, la médecin sur le, la patientE (d’un côté celui, celle qui sait, de l’autre celui, celle qui est malade). Dans le cas des étrangerEs, ce type de relation est souvent encore de mise. Ainsi, certainEs médecins établissent leur prescription sans tenir compte de la situation des malades. Quel est le sens d’une prescription uniquement disponible en pharmacie de ville pour une personne qui n’a ni ressource ni couverture maladie ? Comment prescrire un antirétroviral nécessitant d’être conservé au froid si la personne vit dans une chambre d’hôtel sans frigidaire ? De même, les médecins devraient s’intéresser de plus près aux ressources des malades, notamment alimentaires. il est indécent de prodiguer des conseils nutritionnels à une personne qui ne dispose pour se nourrir que de quelques tickets services.

Des médecins
nous écoutent peu, voire nous méprisent

Trop souvent la prescription de traitements ou d’examens complémentaires se fait sans explication ni concertation, ce qui a des conséquences non seulement sur l’observance mais aussi, dans certains cas, sur la pertinence de ces prescriptions. De la même façon, il n’est pas rare que les médecins ne réagissent pas quand nous les interpellons sur tel effet secondaire, ou sur tel problème lié à l’infection par le VIH. Et, plus généralement, quand nous soulevons une difficulté ou la moindre question, au lieu de nous répondre, des médecins utilisent la situation économique et sociale de notre pays d’origine comme référence. Une manière de nous rappeler que nous serions bien aviséEs de nous passer de commentaires.

Pourquoi ces différences de traitement selon que le ou la malade est FrançaisE ou étrangèrE ? Ceci révèle la représentation qu’ont certainEs médecins des malades étrangèrEs, rarement exempte d’un racisme même ténu ou inconscient. Comme si la confiance dans la relation malade-médecin, qui a pourtant été une des victoires dans la lutte contre le sida, devenait dans notre cas une valeur négligeable.