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Dossier de presse : la santé avant les brevets

Les conséquences pour les malades du sida

26 février 2005 : journée mondiale d’action contre l’ordonnance sur les brevets en Inde

jeudi 24 février 2005

Le point de vue des organismes qui appellent au rassemblement

Aides « L’association AIDES au sein du réseau Afrique 2000 dénonce les différentes initiatives qui complexifient les accords internationaux sur la propriété intellectuelle. Les pays du Sud ont besoin d’un mécanisme pour mettre à disposition, à coût abordable, les médicaments auprès de leur population. Tous les projets et en particulier l’initiative indienne limiteront le nombre de produits disponibles pour les malades au Sud de manière dramatique obligeant même certains à arrêter leur traitement. Cette situation est inacceptable, tous les malades qu’ils soient au Nord ou au Sud doivent bénéficier des meilleurs traitements maintenant. »

Act-Up « Limiter la production de copies bon marché des médicaments hors de prix en 2005 est proprement scandaleux. L’ordonnance de Kamal Nath est aberrante en terme de santé publique. Comme Pascal Lamy, il se prétend de gauche et garant de l’accès des plus pauvres aux médicaments alors que dans le même temps il impose des monopoles encore plus forts sur les médicaments. Il faut l’arrêter : le Parlement indien et la communauté internationale ne peuvent rester sans rien faire devant une telle catastrophe sanitaire et humanitaire. »

Sidaction « Nous soutenons depuis bientôt dix ans des dizaines de programmes associatifs dans les pays en développement. Nous finançons les soins, le salaire des médecins et des infirmiers, l’accès aux traitements dans des structures pilotes, qui font la différence sur le terrain. Si les génériques du Combivir disparaissent, une partie de nos programmes tombent en panne sèche. Si les génériques d’anti-protéases ne peuvent plus être produits et, ainsi, concurrencer avec leur bas prix les anti-protéases de marque, nous ne serons pas en mesure de garantir un traitement de seconde ligne aux patients qui développent des résistances virales. Et si l’on empêche la copie, dans un avenir proche, des traitements les plus récents pas encore copiés, comme le tenofovir,_ ces malades n’auront plus aucune alternative, puisque le prix des traitements de marque est hors de notre portée Les patients seront simplement condamnés à mort. Si les brevets s’imposent en Inde, nous risquons de revenir en arrière vers une époque que l’on croyait révolue, quand traiter les malades du sida dans les pays pauvres paraissait utopique. »

Solidarité Sida « Parmi les militants associatifs des pays du Sud qui portent la lutte contre le sida depuis des années dans leurs pays, beaucoup sont atteints par le virus et certains sont aujourd’hui dans un état de santé alarmant, nécessitant une mise sous traitement anti-VIH urgente. C’est donc pour pérenniser leur expérience et leur savoir-faire, indispensables, que nous avons rejoint un programme d’accès aux ARV génériques initié par des associations du Nord à destination de 170 militants associatifs et de leurs proches au Burkina Faso, au Togo et aux Philippines.

Dans un contexte épidémiologique de plus en plus dramatique, ce programme, appelé « Solidarité Traitements » reste symbolique, mais il revêt une dimension politique essentielle, car nous démontrons que les associations locales peuvent traiter et suivre les personnes infectées.

« Solidarité Traitements » existe parce que nous avons la possibilité de nous approvisionner auprès des laboratoires de génériques indiens. Si l’Inde devait nous fermer sa porte, ces militants associatifs seraient de nouveau sans traitements, condamnés à mort.

Et ce n’est qu’un exemple, parmi de nombreux autres, des conséquences concrètes de l’ordonnance qui sera peut-être votée par le Parlement indien dans les jours qui viennent... »

Le point de vue des associations du Burkina Faso, du Maroc, des Philippines, du Togo

La manifestation prévue le 26 février répond à un appel pour une mobilisation internationale lancé par les juristes et activistes indiens de la Campagne pour l’Accès aux Médicaments. Outre Dehli, Paris et Washington, des rassemblements sont prévus dans de nombreux pays qui risquent d’être frappés de plein fouet par les décisions du Parlement indien, tels que le Maroc, le Togo, le Burkina Faso

Au Burkina Faso : Réseau d’accès aux médicaments essentiels (RAME)
Contact : M. Simon Kaboré. Le RAME est une association créée à l’initiative de la mission MSF au Burkina faso. Elle se bat désormais au Burkina Faso sur deux thèmes : l’amélioration de l’accès aux traitements antirétroviraux et la reconnaissance du travail des ONGs locales de terrain.

« Si l’Inde ne révise pas sa loi, elle ne sera pas simplement complice de millions de morts, mais l’acteur principal d’un génocide dans 200 pays pauvres. Pour les malades de nos pays, l’Inde a servit pour mieux nuire, pour mieux trahir. L’Inde nous a fait rêver par les copies ARV et elle réveille par le cauchemar des ADPIC+ ».

Simon Kaboré, coordonateur national du RAME (Tél : +226 70 24 44 55 ; Email : ramessentiels AT hotmail.com [1] / simonkabore AT hotmail.com [1]

Au Maroc ALCS (Marrakech)
Contact : M. Othman Mellouk. Première association de lutte contre le SIDA constituée dans la région du Maghreb et du Moyen Orient, l’ALCS a vu le jour en 1988. Elle milite activement pour l’accès aux traitements et la prise en charge des personnes vivant avec le VIH, et la défense de leurs droits.

Tél : + 44 43 98 43 ; Email : alcsmarrakech AT menara.ma [1]

Aux Philippines : Positive Action Foundation Philippines (PAFPI)
PAFPI a été créée en 1998. Parmi ses nombreux projets, l_association a activement milité pour améliorer les soins aux personnes vivant avec le VIH et l’accès aux ARV. L’association possède deux centres d_accueil des personnes vivant avec le VIH à Manille et en province et compte une file active d’environ 1650 personnes.

« Notre association s’est battue pour obtenir du gouvernement philippin le droit d’importer des médicaments génériques en provenance de l’Inde. Cela est désormais possible depuis le mois de mai 2002. Aux Philippines, le coût moyen d’un traitement générique est de 29 dollars par mois, contre 800 à 1000 dollars pour l’équivalent de marque. Aujourd’hui, 150 philippins bénéficient de traitements anti-sida. Pour la plupart, ils utilisent des médicaments anti-sida produits par le génériqueur indien Cipla, et notamment le Duovir. Mais ils sont 2000 à en avoir besoin de toute urgence.
Si l’ordonnance indienne est votée, la possibilité d’élargir les programmes d’accès à ces malades sera gravement remise en cause. Elle violera le droit universel aux soins et aux traitements des personnes vivant avec le VIH/sida, aux Philippines et dans l’ensemble des pays en développement.

Nous attendons du Parlement indien qu’il se positionne fermement en faveur du droit à la santé et qu’il résiste à l’influence démesurée des multinationales pharmaceutiques ».

Joshua Formentera, Président de PAFPI ; Tél : + 63 2 484 0894 ; Email : pafpi AT edsamail.com.ph [1]

Au Togo : Espoir Vie Togo
Contact : Magguy Gouna. Espoir Vie Togo a été créée en 1995 par huit personnes vivant avec le VIH. Depuis lors, l’association a développé des activités de prise en charge globale des malades et suit environ 850 personnes. Au 1er semestre 2004, environ 60 personnes sous ARV étaient suivies médicalement à EVT.

Tél : +228 251 46 56 ; Email : espoirvietogo AT laposte.tg [1]


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